Le podium TV inchangé en 2023

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TF1 en tête devant France 2, BFMTV leader de l’information malgré la montée en puissance de CNews… Le classement des audiences télé n’a pas connu de grand bouleversement en 2023, dernier cru avant une «évolution majeure» de la mesure de Médiamétrie, à l’heure du streaming. L’institut de référence a publié début janvier les audiences annuelles des chaînes françaises, confrontées à l’érosion de la durée d’écoute de la télévision, de 3h19 par jour en moyenne, contre 3h26 en 2022. Ce contexte n’a pas empêché France 2 de signer la plus forte progression du PAF et de gagner 0,5 point pour 15,3% de part d’audience (pda) sur l’ensemble du public. Sur la même période, TF1, première chaîne privée de France et d’Europe, a enregistré une pda de 18,6%, quasi-stable (-0,1 point) par rapport à 2022, année où elle avait atteint son plus faible niveau depuis sa création en 1975, et ce malgré le Mondial de foot au Qatar. La chaîne reste toutefois prisée des femmes de moins de 50 ans, cibles privilégiées des annonceurs, avec une pda de 23,3% (+0,5 point), un «record depuis 8 ans». Avec 9% de pda, France 3 perd 0,4 point, soit le plus fort recul du paysage audiovisuel. La chaîne publique conserve néanmoins sa 3ème place devant M6 (8,1%, -0,3), au plus bas depuis au moins 1992. Du côté des chaînes d’information, BFMTV s’est vu rattraper ces dernières semaines par CNews, qui a pour la 1ère fois fait jeu égal avec elle en décembre (2,6% de pda chacune). Elle reste néanmoins numéro un sur l’ensemble de l’année, malgré un recul de 0,3 point par rapport à 2022, année présidentielle, à 3% de PDA, devant sa rivale du groupe Canal+ (2,3%, +0,2). LCI atteint quant à elle 2% de PDA (+0,3 point), du jamais vu dans son histoire, se maintenant loin devant franceinfo (0,8% de pda, -0,1 point). Autre gagnante de l’année avec une hausse de 0,3 point, C8, la chaîne où officie Cyril Hanouna, devient 1ère de la TNT (hors chaînes historiques comme France 5), à égalité avec TMC (+0,1), à 3,1% de pda. Tous ces résultats ne pourront pas être comparés en l’état à ceux de l’année 2024, Médiamétrie ayant fait évoluer le 1er janvier sa mesure en tenant compte, désormais, des foyers sans poste de télévision, soit environ 10% des Français, et du visionnage de programmes à domicile sur les écrans internet (smartphone, tablette, etc.). Il s’agit ainsi de répondre à l’évolution des usages. Et de poursuivre la mue entamée en mars 2020 avec la mesure du visionnage hors domicile (dans un bar, dans le métro, …). De quoi rebattre les cartes ? «Sur la pda des chaînes sur l’ensemble de la journée il ne devrait pas y avoir de révolution», explique Laurence Deléchapt, de Médiamétrie. Mais la réforme vise aussi à «mieux prendre en compte les évolutions éditoriales des chaînes» qui développent leurs plateformes de streaming – à l’instar de TF1 qui en lancera une nouvelle le 8 janvier – d’où de possibles «effets positifs sur certains contenus» ou «certaines tranches horaires», analyse Mme Deléchapt. La bascule vers le numérique se constate déjà dans les audiences actuelles. En 2023, le premier épisode de la troisième saison de «HPI» a ainsi rassemblé 10,4 millions de téléspectateurs, dont plus de 2 millions en replay. De même, la série «Panda» en a compté 5,7 millions, dont 1 million en replay. D’ici «à la fin du 1S», les audiences réalisées en avant-première (preview) seront également prises en compte pour les programmes concernés. La durée d’écoute de la télévision, en revanche, baissera «mécaniquement», les Français sans télé («plus urbains, «plus jeunes», CSP+) regardant la télé moins longtemps, et ne sera plus publiée les premiers temps pour éviter toute confusion. En parallèle, Médiamétrie travaille aussi à la mesure des audiences de Netflix et consorts, avec de premiers résultats «d’ici à la fin de l’année 2024», et ambitionne à plus long terme de parvenir à «une mesure du total video» concernant aussi bien les chaînes traditionnelles que les plateformes.