Le sport, un produit d’appel indispensable pour les chaînes de télévision

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Extrêmement fédérateur, le sport, au centre du rapprochement que négocient Canal+ et BeIn Sports, est devenu un produit d’appel indispensable pour les chaînes de télévision, qui se livrent une rude bataille pour en remporter les droits de diffusion. En 2015, c’était le deuxième type de programme le plus consommé par rapport à son offre, qui reste relativement faible si on la compare aux magazines et aux fictions, selon les chiffres de Médiamétrie. Le sport a également dominé les records d’audience l’année dernière, tant sur les chaînes historiques que sur la TNT.

En octobre, TF1 obtenait ainsi sa meilleure audience de l’année (12,2 millions de téléspectateurs) avec le quart de finale de la Coupe du monde de rugby France/Nouvelle-Zélande, programme le plus regardé l’an dernier toutes chaînes confondues. De son côté, France 2 a rassemblé près de la moitié des téléspectateurs de l’après-midi (5,8 millions) avec une étape du Tour de France, son traditionnel rendez-vous sportif du mois de juillet, également diffusé sur France 3. Sur les petites chaînes, W9 a établi le record d’audience historique de la TNT avec un match de Coupe du monde de football féminin (France/Allemagne, 4,1 millions de téléspectateurs). TMC et France Ô ont enregistré leurs meilleures audiences avec du handball et du cyclisme. La loi rendant obligatoire la diffusion sur des chaînes gratuites de certains matchs et compétitions, c’est entre chaînes payantes que la bataille des droits sportifs est la plus rude, car c’est un moyen de gagner des abonnés. «Le sport fédère un large public, pas que des passionnés. Mais si une chaîne veut exister, il lui faut du foot», note le spécialiste des médias Vincent Rousselet-Blanc. Sur ce terrain, Canal+ s’est fait tailler des croupières par BeIn Sports et, plus récemment, par Ma Chaîne Sport (Altice), après une série de rachats qui ont fait monter les enchères sur les droits. Depuis 2012, la chaîne cryptée s’est vu dépossédée par BeIn Sports de la diffusion des championnats de football italien, allemand et espagnol, d’une partie de la Ligue des Champions, des matchs de Ligue 1 et de l’Euro 2016. Hors foot, la chaîne qatarie lui a aussi soufflé notamment les droits télé du championnat nord-américain de basket-ball NBA et de l’Euroligue de basket, du tournoi de Wimbledon, de la Fed Cup et de la Coupe Davis en tennis, ou de la Coupe d’Europe de rugby. De son côté, le groupe Altice a récupéré les droits du championnat de foot d’Angleterre.  Attaqué de toutes parts, Canal+ a limité la casse en s’offrant une compétition plus modeste, la Coupe de la Ligue, en s’alliant à France TV. Mais les chaînes ont dû doubler la mise: la compétition leur coûte désormais 23,9 millions d’euros par an, contre 10,5 millions auparavant.

Pour rentabiliser des investissements de plus en plus élevés, les chaînes revendent à leurs concurrents la diffusion de certains matchs dont elles ont acquis les droits. Par exemple, France Télévisions, qui détient les droits des jeux Olympiques de Rio en 2016 et Tokyo en 2020, a revendu à Canal+ le droit de les codiffuser intégralement pour un montant estimé à plusieurs dizaines de millions d’euros. De leur côté, les plus petites chaînes misent sur des compétitions mineures, mais aussi sur d’autres sports. Ainsi, L’Equipe 21 développe son offre de sports de combat et de jeux électroniques, à fort potentiel auprès des jeunes. Pour les téléspectateurs, ce morcellement de l’offre est un casse-tête: «Aujourd’hui, un vrai passionné de sport devrait être abonné à Canal+, CanalSat, BeIn, mais aussi avoir accès à la Premier League… Cela représente un budget de 90 euros par mois. Il va devoir faire des choix», prévient Vincent Rousset-Blanc.