«Libération»: projet de réorganisation présenté lundi prochain

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Les nouveaux propriétaires de «Libération» exposeront lundi, lors d’un comité d’entreprise (CE) crucial, leur projet de réorganisation du journal, avec une priorité au numérique et l’objectif d’une soixantaine de départs. 

La direction du quotidien présentera aux salariés de «nouvelles mesures sociales», alors que son plan de départs volontaires, pour lequel ils espéraient une soixantaine de candidats, n’en a convaincu qu’«une douzaine» pour l’instant, a indiqué mercredi le président du directoire, François Moulias. La question d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), impliquant des départs contraints, pourrait y être abordée, a-t-on appris de sources syndicales, une information que n’a pas confirmée M. Moulias. 

La nouvelle direction, mise aux commandes par les actionnaires qui ont réinjecté 18 millions d’euros pour renflouer le quotidien, devrait enfin présenter sa réforme de fond: fusion des équipes web et papier, priorité au numérique, réduction des coûts. Le journal, toujours déficitaire, reste menacé : dans une tribune publiée début août dans «Libération», Laurent Joffrin (directeur de la publication) et François Moulias ont averti que «l’équilibre économique de «Libération» suppose une réduction de ses effectifs d’environ 60 personnes» (sur environ 250, dont 180 journalistes). Tout en souhaitant des départs volontaires, «l’objectif devra être atteint en tout état de cause, faute de quoi les coûts salariaux resteraient impossibles à supporter», avaient-ils souligné. Les rédactions pourraient aussi être refondues autour de 5 ou 6 pôles multimédias, dont les pôles «Pouvoirs» (regroupant les services politique, économique et société), «Planète», «Culture» ou encore «Idées». De nombreux journalistes «attendent les détails de ce plan avant de se décider», selon Laurence Defranoux, membre du SNJ et élue au CE. Pour l’heure, seule une douzaine de salariés, presque tous non-journalistes, ont fait jouer la «clause de cession», qui leur offre les conditions de départ améliorées – un mois de salaire par année d’ancienneté et les indemnités de licenciement – prévues pour les journaux qui changent d’actionnaires. Cette clause de cession, ouverte le 1er août, s’applique jusqu’au 30 novembre. 

En revanche, la direction souhaiterait pouvoir recruter des développeurs pour ses projets numériques. Une nouvelle version du site est prévue au 1er trimestre 2015, ainsi qu’une nouvelle formule papier. 

M. Moulias a par ailleurs démenti mercredi matin en comité de rédaction une information du «Figaro» selon laquelle la direction de «Libération» envisagerait de fixer, dans de nouveaux contrats qui seraient signés par les salariés restants, des objectifs de productivité. Interrogé lundi par «Le Figaro» sur les effectifs de «Libération», Pierre Fraidenraich, directeur opérationnel du journal, avait déclaré: «Une chose est sûre, trop de journalistes sont trop peu productifs». Pierre Fraidenraich avait également indiqué vouloir rompre la «verticale figée de l’écrit» et «inventer d’autres supports (radio et vidéo) sur lesquels la voix de «Libé» doit porter», dont une «Radio Libé», pour laquelle une «discussion» est en cours avec le CSA. 

Menacé de faillite, «Libération» a été renfloué fin juillet par de nouveaux actionnaires à hauteur de 18 millions d’euros, apportés principalement par le milliardaire franco-israélien Patrick Drahi.