Mathieu Gallet : un homme pressé au physique de jeune premier

511

En pleine tourmente à la tête de Radio France, Mathieu Gallet, 38 ans, a connu une ascension fulgurante dans le monde des médias, de Canal+ à l’Institut national de l’audiovisuel (INA) en passant par les cabinets ministériels. En février 2014, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) avait créé la surprise en nommant à l’unanimité le jeune dirigeant, marqué à droite, face à des postulants plus expérimentés comme Martin Ajdari, alors secrétaire général de France TV. 

Nommé plus jeune président de Radio France, Mathieu Gallet avait convaincu haut la main les 9 membres du CSA, impressionnés par son ambitieux projet numérique et un brillant exposé oral. Mais la carrière de cet homme pressé au physique de jeune 1er traverse depuis une semaine une phase périlleuse pour la 1ère fois depuis sa prise de fonction en mai. 

Affaibli par des révélations du «Canard enchaîné» sur les coûteux frais de rénovation de son bureau, et l’appel, lui aussi coûteux, à un expert en communication, M. Gallet doit également sortir Radio France d’une grève qui paralyse ses antennes depuis 7 jours. «Il ne comprend pas Radio France et sa culture un peu insulaire», juge Renaud Dalmar, représentant CFDT. «Il n’est ni lointain, ni trop intrusif», tempère un présentateur de France Inter, sous couvert de l’anonymat. «On le voit. Il vient dans les chaînes, il vient dans les rédactions aux moments importants». Né en janvier 1977 à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), l’homme, ambitieux, est diplômé en 1999 de l’Institut d’études politiques (IEP) de Bordeaux et titulaire d’un DEA d’analyse économique des décisions publiques. Il commence la même année sa carrière dans le privé, comme adjoint au directeur du marketing et de la promotion internationale d’Erato Disques, label de Warner, puis devient en 2000 responsable de l’administration des ventes internationales de Pathé. En 2001, il rejoint le groupe Canal+, d’abord en tant que contrôleur de gestion de Studiocanal (2001-2004), puis comme chargé de mission pour les relations institutionnelles du groupe Canal+ (2004-2006); des années au cours desquelles il étoffe son carnet d’adresses. «C’est quelqu’un qui n’est pas resté enfermé dans son bureau. Il a appris en quelques années à connaître beaucoup, beaucoup de monde et s’est lié à des gens importants», commente le même animateur, qui le qualifie d’«homme de contacts et d’ambitions».

Après Canal+ – il n’a pas encore 30 ans -, Mathieu Gallet entre dans des cabinets de droite. D’abord dans l’équipe de François Loos, ministre délégué à l’Industrie dans le gouvernement Villepin, comme conseiller technique chargé de l’audiovisuel et des nouvelles technologies. Il rejoint l’année suivante le ministère de la Culture, comme conseiller technique pour l’audiovisuel sous Christine Albanel, puis comme directeur adjoint de cabinet de Frédéric Mitterrand à partir de 2009. Là, il suit de près des dossiers audiovisuels comme la réforme de la structure de France Télévisions, la suppression de la publicité à la télévision publique ou la numérisation des oeuvres du patrimoine national. Nommé en mai 2010, à 33 ans, PDG de l’INA – en remplacement d’Emmanuel Hoog, devenu en avril président de l’AFP -, il a poursuivi la modernisation de cette institution, en mettant notamment l’accent sur le numérique et en améliorant la mise à disposition des archives sur internet. Plus jeune des six candidats retenus l’an dernier par le CSA pour prendre la tête de Radio France, il avait quitté l’INA un an avant la fin de son mandat pour rejoindre la Maison ronde.