Matinale d’Europe 1 : «Je suis conscient du défi et de l’enjeu» (Nikos Aliagas)

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Rien ne l’obligeait à accepter de prendre les commandes de la matinale d’Europe 1, là où d’autres ont échoué à redresser ses audiences. Mais pour Nikos Aliagas, ce choix était «logique», explique l’animateur et journaliste, qui veut construire une tranche
d’information où les auditeurs se sentent «écoutés» et «accompagnés». «Il n’y a pas de garantie dans mon métier, j’ai toujours pris des risques, je ne sais pas faire autrement. Là je signe pour un an, et on verra bien», confie le présentateur de radio et de télévision,
qui succédera à la rentrée à Patrick Cohen comme «anchorman» d’Europe 1, remplacé au bout d’un an en raison d’audiences qui peinent toujours à redécoller.
«Je suis conscient du défi et de l’enjeu mais il faut savoir prendre ses responsabilités. Je ne sais pas si je vais y arriver, mais je vais essayer», lance l’animateur et journaliste, qui a animé diverses émissions depuis huit ans sur la station du groupe Lagardère. Quand
le nouveau vice-PDG d’Europe 1 Laurent Guimier et le «big boss» Arnaud Lagardère lui ont proposé le poste, «je me suis dit que c’était peut être le bon moment, à trente ans je n’aurais pas eu la même maturité et la même expérience», confie Nikos Aliagas, qui a
fêté ses 49 ans en mai. A moins de deux mois de sa prise d’antenne, le 27 août, il dit vouloir construire une matinale où l’auditeur sera au centre de toutes les attentions. «Je veux conclure un contrat éthique avec les auditeurs, leur dire que je ne sais pas tout, que je ne vais pas chercher à les tenir en haleine mais à leur présenter le travail de la rédaction d’Europe 1, leur offrir une palette de points de vue, et à chacun ensuite de se faire son idée. (…) Je veux les accompagner dans leurs doutes, leurs tristesses, leurs joies»,
explique-t-il. Avec internet et les réseaux sociaux, «un journal d’info ne peut pas être identique à ce qui se faisait il y a dix ans car il y a mille sources d’info qui sont apparues», fait-il valoir. «Si on a pas de lien avec les gens, une info qu’on lit à l’antenne n’apporte
rien de plus que ce qu’on peut trouver sur son téléphone, Youtube ou ailleurs. Pour qu’on nous écoute, il faut d’abord qu’on écoute les gens et qu’ils soient présents à l’antenne, d’une manière ou d’une autre, et qu’ils se sentent compris». Le présentateur veut aussi
pousser les invités à «sortir des postures» dans lesquelles ils s’enferment souvent. «Aujourd’hui on a peur de parler vrai, parce qu’il faut que ça aille vite, que ça soit percutant et polémique. Moi je n’ai pas envie, je suis sûr qu’il y a un autre chemin», lance-t-il. Nikos Aliagas dit aussi vouloir donner la parole à des inconnus, pour peu qu’ils aient des histoires passionnantes ou inspirantes à partager. Quand à ceux qui craindraient qu’il n’instaure une matinale à la sauce people, pour faire du buzz, le journaliste met en
avant ses états de service dans l’information, lui qui a débuté il y a 30 ans à RFI, a animé sa première matinale au début des années 1990 sur Radio Notre Dame, et présenté le JT sur TMC puis sur la chaîne grecque Alter, avant de devenir un animateur vedette de
TF1. «Pour le grand public, mon image et ma notoriété renvoient effectivement au divertissement, mais mes fondations et mon ADN sont purement journalistiques. J’ai passé plus de temps dans les salles de rédaction que sur les plateaux de divertissement. En fait, je suis arrivé dans le divertissement un peu par hasard, ça a marché et j’ai continué mais sans jamais couper le lien avec le journalisme», résume-t-il. «Je ne suis pas bling bing», assure en outre ce fils d’émigrés grecs, qui dit avoir appris au fil des ans à se
méfier «du danger du prisme de la notoriété».