«Politiques Undercover»: D8 lance sa nouvelle émission controversée

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Thierry Mariani découvre la galère d’un trajet en fauteuil roulant, Samia Ghali est victime des prix de l’immobilier : dans l’émission «Politiques Undercover», diffusée lundi soir sur D8, des élus se sont déguisés pour vivre la vie de «vraies gens», un concept qui a suscité une vive controverse. Pour les deux premiers épisodes, quatre élus de droite et de gauche -Bernard Accoyer, Thierry Mariani, Samia Ghali et Jean-Luc Romero – se sont glissés respectivement dans la peau d’un brancardier, d’un handicapé, d’une mère célibataire en quête d’un appartement et d’un militant anti-abstention. Affublés de perruque, faux nez et menton postiche, ils ont vécu pendant une journée la vie de Monsieur et Madame Tout-le-monde, le tout filmé en caméra cachée.  Grosses lunettes et perruque blonde, Samia Ghali – rebaptisée Samia Dubois pour l’occasion – se glisse dans la peau d’une secrétaire médicale récemment divorcée. En CDI, mais avec un salaire mensuel de 1.200 euros, elle recherche un T4 pour elle et ses deux enfants. En vain au vu de son salaire. La sénatrice-maire PS du 8e secteur de Marseille passe d’une agence immobilière à l’autre. Et enchaîne les refus. «Votre dossier est un peu fragile», résume un agent immobilier. «C’est mission impossible», finit-elle par s’indigner, après s’être vu proposer un studio. Dans un fauteuil roulant, et coiffé d’une épaisse tignasse, l’ancien ministre des Transports, Thierry Mariani, veut lui tester l’accessibilité des transports en commun parisiens. L’expérience tourne au fiasco. Victime d’ascenseurs en panne, l’actuel député des Français de l’étranger doit rebrousser chemin et mettra 3 heures pour atteindre sa destination, quand un valide aurait mis moins d’une demi-heure. «J’avais lu des dizaines de notes sur le sujet quand j’étais ministre, mais ce n’est pas la même chose quand vous êtes dans un fauteuil pendant une journée», déclarait Thierry Mariani fin octobre, lors de l’annonce du lancement de l’émission. Tracts à la main, le conseiller régional d’Ile-de-France (PS apparenté) Jean-Luc Romero se reconvertit en militant pour le vote aux élections européennes. Au détour d’une question sur le mariage pour tous, l’élu, homosexuel, se voit répondre, incrédule: «L’homosexualité est contre la nature. (…) L’homosexualité ne rend pas heureux». Enfin, Bernard Accoyer enfile la blouse blanche d’un brancardier urgentiste. A défaut d’être confronté à l’engorgement habituel des services d’urgence, l’ancien président de l’Assemblée nationale – chirurgien ORL de profession – en profite pour dialoguer avec les patients et le personnel soignant. Assez pour le convaincre de l’intérêt de son immersion. Inspirée notamment de la série britannique «Undercover Boss» – transposée en France avec «Patron incognito» -, où des patrons se griment afin de se mêler à leurs salariés, l’émission avait déclenché de nombreuses critiques lors de l’annonce de son lancement, fin octobre. Alors que la classe politique est régulièrement accusée d’être déconnectée du réel, l’ex-Premier ministre François Fillon avait dénoncé un mélange des genres entre «politique et amusement». «S’ils ont besoin de se déguiser pour aller voir la vraie vie, ils ont un vrai problème. C’est plus grave que ça: c’est une perversion du débat politique», avait-il accusé.