Quel impact ont les écrans?

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Le déferlement d’outils
numériques dans les familles
questionne de plus en plus
neuroscientifiques et pédiatres qui, sans
«diaboliser» leur usage, ont souligné un
impact sur la santé jugé préoccupant,
à l’occasion de la 21ème «Semaine du
cerveau» (du 11 au 17 mars 2019).
Tablettes, smartphones, jeux vidéos,
réseaux sociaux: en France, chaque
foyer disposait en moyenne de 5,6
écrans en 2018, d’après Médiamétrie.
Hors activité professionnelle, les
adultes déclaraient passer plus de cinq
heures par jour en moyenne devant un
écran en 2015, une hausse de 53% par
rapport à 2006, selon Santé publique
France. A l’occasion de la «Semaine du
cerveau», rendez-vous annuel destiné
à sensibiliser le public aux avancées
de la recherche sur le cerveau, des
chercheurs ont montré comment les
outils numériques et leur contenu
émotionnel, souvent anxiogène, ont
des conséquences sur l’attention, la
mémoire et les apprentissages. Si
aucun n’entend «diaboliser» les écrans,
ils mettent en garde contre un usage
incontrôlé. Parmi les interrogations,
celle de savoir si les écrans modifient
ou non le cerveau. Aux Etats-Unis,
les premiers résultats d’une étude ont
fait grand bruit, des chercheurs ayant
observé une modification physique du
cerveau chez des enfants habitués à
passer plus de 7 heures par jour sur écran,
sans établir toutefois de lien causal. «Il
y a de plus en plus d’études qui vont
souvent dans tous les sens», commente
la neuropsychologue toulousaine
Stéphanie Iannuzzi, soulignant «qu’on
ignore si les zones préfrontales du
cerveau ne sont pas développées parce
que les gens sont attirés par les jeux
vidéos ou si c’est la surconsommation
de jeux vidéos qui empêche ces zones
de se développer à l’adolescence». «Il
n’y a pas d’effet irréversible des écrans
sur le cerveau démontré à ce jour»,
assure de son côté le pédopsychiatre
Serge Tisseron. Outre le temps devant
l’écran, les chercheurs rappellent aussi
l’importance du contenu. Pour Pierre-
Marie Lledo, directeur du département
des Neurosciences à l’institut Pasteur,
l’usage des écrans peut à la fois nuire au
cerveau en développement des enfants,
au cerveau adulte «attiré par des sources
d’informations plurielles et volatiles»,
avec le risque à terme de développer
anxiété et dépression, et au «cerveau
social», avec la menace d’un isolement.