Radio France : la longue grève suspendue jusqu’à début mars

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La grève contre les économies et suppressions de postes à Radio France, un mouvement social d’une durée historique mais dont l’intensité a nettement diminué depuis son commencement fin novembre, va être suspendue jusqu’à début mars. Une assemblée générale réunissant plusieurs dizaines de salariés du groupe public de radio, retransmise sur internet, a approuvé lundi la suspension de cette grève illimitée à l’appel de la CGT.

La mesure a été adoptée avec 25 voix pour, 16 contre et 29 abstentions. Cette grève lancée le 25 novembre est entrée lundi dans son 63e jour, une durée sans précédent dans l’histoire de l’audiovisuel en France. Si les autres syndicats de Radio France ont appelé ponctuellement à des arrêts de travail depuis le début du mouvement, la CGT est la seule organisation qui avait déposé un préavis d’une durée illimitée, reconduit jusqu’ici de jour en jour. C’est la 2ème pause décidée depuis le début du mouvement, après une suspension d’une dizaine de jours observée fin décembre, en pleine trêve des confiseurs.

Ce conflit social a pour but le retrait d’un plan présenté par la direction de Radio France, qui prévoit 60 millions d’euros d’économies et 299 suppressions de postes (avec 76 créations de postes en parallèle).

Fin janvier, la présidente du groupe public, Sibyle Veil, avait accepté de mettre en oeuvre ce plan via une procédure appelée RCC (rupture conventionnelle collective), plutôt que via un plan de départs volontaires, répondant ainsi à une demande de plusieurs syndicats de la maison ronde (à l’exception notable de la CGT). Dans la foulée, quatre des six syndicats de Radio France, qui représentent la majorité des salariés, ont entamé des négociations avec la direction. Par ailleurs, pour la première fois depuis le début du mouvement, le ministre de la Culture Franck Riester avait reçu vendredi l’ensemble des syndicats et la direction de Radio France.

«Le problème, c’est comment on se bagarre. Le rapport de force a changé», avec l’ouverture de ces négociations, a estimé un représentant de la CGT, lors de l’AG. Suspendre la grève permettra aux personnels de «réemmagasiner des forces» et de «se remobiliser», a-t-il souligné, précisant que son organisation continuerait, en attendant la reprise du mouvement, d’appeler à la grève lors des journées interprofessionnelles de mobilisation contre la réforme des retraites, dont celle du 6 février.

«Ce serait plus négatif de prolonger la grève, y compris dans les rapports au sein de l’entreprise entre grévistes et non-grévistes», a plaidé un autre représentant du personnel, soulignant que des tensions étaient apparues au sein des équipes.

En outre, la grève, bien que d’une durée inédite, s’est transformée au fil des semaines en conflit de faible intensité, avec des taux de participation qui ont chuté depuis son lancement, et des perturbations sur les antennes du groupe de moins en moins perceptibles pour les auditeurs. Une nouvelle réunion de négociation doit se tenir vendredi et la CGT organisera une nouvelle AG le 11 février pour faire le point sur ces discussions.