Rien n’arrête l’ascension du documentaire d’Inoxtag

57

Avec plus de 17 millions de vues sur YouTube en 48h, 340.000 spectateurs lors d’une séance unique au cinéma et une diffusion prévue sur TF1, rien n’arrête l’ascension du documentaire relatant la montée du YouTubeur Inoxtag au sommet de l’Everest. Mis en ligne samedi à 14h30 sur la plateforme détenue par Google, où il est numéro un des tendances, ce film de près de 2h30 intitulé «Kaizen» (terme japonais dont l’une des significations est «changement vers le mieux») a généré plus de 100.000 commentaires, souvent dithyrambiques, et récolté plus de 1,5 million de «j’aime». «Des chiffres très exceptionnels», selon un porte-parole de YouTube, qui estime qu’il s’agit d’«un des meilleurs lancements de l’histoire» de la plateforme en France, même s’il est loin des stars anglo-saxonnes, comme l’Américain MrBeast qui peut cumuler rapidement plusieurs dizaines de millions de vues. Preuve que le documentaire touche un public plus large que la sphère d’internet, le groupe TF1 a annoncé lundi que «Kaizen» sera disponible sur sa plateforme TF1+ à partir du 28 septembre, avant une diffusion sur la 1ère chaine le 8 octobre à 23h30. «Ce que j’ai envie qu’on retienne, ce n’est pas que j’ai réussi ou échoué (à gravir l’Everest), c’est qu’on voie le parcours que j’ai fait pour pouvoir me donner cet objectif», a expliqué le YouTubeur de 22 ans, aux 20 millions d’abonnés sur les réseaux sociaux, quelques jours avant la diffusion. De son vrai nom Inès Benazzouz, le jeune homme ne connaissait ni les techniques ni les codes de l’alpinisme avant de se lancer dans son défi, se soumettant à un entraînement intensif avec le guide Mathis Dumas. Le récit de son année de préparation et de son ascension a également cartonné en salles, réunissant quelque 340.000 spectateurs dont 40.000 à l’étranger (Belgique, Québec, Maroc, etc.) aux avant-premières vendredi soir et samedi matin. Pour un contenu mis en ligne gratuitement quelques heures plus tard, «c’est du jamais vu», a commenté Nathanaël Karmitz, l’un des dirigeants du distributeur MK2, vantant «l’envie de l’expérience collective» et un film qui «mérite d’être vu sur grand écran». Devant le cinéma Grand Rex à Paris, qui accueillait vendredi soir l’avant-première en présence d’Inoxtag, une file d’attente témoignait de l’engouement. «Il m’inspire beaucoup», affirmait Amir El Moumen, étudiant en école de commerce. «Je sais qu’il y a plein de personnes qui ont monté (l’Everest) et qui ne l’ont pas forcément filmé mais je trouve ça fou qu’un YouTubeur nous divertisse comme ça», ajoutait Lucie Bonin, 19 ans. «Depuis que j’ai 11 ans, j’ai toujours aimé vivre des aventures mais je le faisais sur les jeux vidéo», a souligné Inoxtag, qui fait partie des créateurs de contenus affiliés au groupe Webedia (producteur du documentaire). «Un jour, je me suis dit: j’ai envie de les vivre aussi dans la vraie vie». S’il est inspiré du film «L’Ascension» (2017), adapté du livre «Un tocard sur le toit du monde» de Nadir Dendoune, «Kaizen» infuse également la philosophie du manga «One Piece» d’Eiichiro Oda, auteur japonais aux plus de 500 millions d’exemplaires écoulés, entre confiance inébranlable en ses rêves et dépassement de soi. S’il montre les dégâts du surtourisme, la pollution, ainsi que les risques liés à cette expédition, «Kaizen» a suscité aussi des critiques dans la presse et sur les réseaux sociaux. «Libération» a notamment déploré l’invisibilisation des sherpas, tandis que l’alpiniste et photographe Pascal Tournaire pointait dans «L’Equipe» un film «très égocentré» sans véritable «exploit». Plusieurs internautes ont également souligné une incohérence entre la déconnexion que prône le jeune homme et son statut de star d’internet. Sur X, le journaliste Vincent Manilève s’est lui «étonné» de ne voir «aucune mention légale de publicité» sur YouTube, «surtout quand on voit à quel point les placements de produits sont omniprésents» dans le documentaire. Celle-ci a depuis été ajoutée.