Rodolphe Belmer, un spécialiste aguerri de la télévision et du streaming vidéo

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Ancien dirigeant emblématique du rival Canal+, membre du conseil d’administration du géant américain Netflix, le futur PDG de TF1 Rodolphe Belmer est un spécialiste aguerri de la télévision et du streaming vidéo, axe de développement crucial pour l’avenir de la chaîne. Sa mission sera de «gérer (…) la réinvention de TF1 pour faire face aux plateformes» comme Netflix ou Amazon, a indiqué une source proche du dossier. Un défi que le groupe TF1 doit désormais relever seul, après l’échec de sa fusion avec M6, annoncé une semaine avant ce remaniement. «Nous saurons (…) répondre aux multiples enjeux du nouveau monde des médias et ouvrir au groupe TF1 de nouvelles perspectives de développement et de croissance à l’ère» du numérique, a assuré M. Belmer, cité dans le communiqué de TF1 annonçant son arrivée à sa tête. Elle aura lieu en deux temps: M. Belmer, 53 ans, sera d’abord proposé comme directeur général lors d’un conseil d’administration le 27 octobre, puis comme PDG à partir du 13 février 2023, pour remplacer Gilles Pélisson, en poste depuis 2016. Il est «super talentueux» et «connaît le job par coeur», s’est enthousiasmée sur Twitter Laurence Herszberg, directrice de Séries Mania, le plus grand festival de séries d’Europe, dont M. Belmer est président depuis 2019. «Son parcours à la tête de plusieurs grands groupes français, leaders et internationaux, son expérience dans le secteur des médias et le streaming, constituent les meilleurs atouts pour relever les défis qui sont devant nous», a pour sa part commenté M. Pélisson, cité dans le communiqué de TF1. M. Belmer a en effet l’avantage de parfaitement connaître l’univers du streaming vidéo, puisqu’il siège au conseil d’administration de Netflix depuis 2018. Mais c’est surtout à Canal+ que le nom de cet homme au look sage et aux petites lunettes rondes reste rattaché. Il en a été le directeur général, c’est-à-dire le numéro 2, à partir de 2003, avant de devenir directeur général de l’ensemble du groupe en 2012. Alors qu’il était cité comme possible successeur du numéro 1 de l’époque Bertrand Méheut, M. Belmer avait été limogé de Canal à l’été 2015. Cela avait été vu comme une reprise en main de la chaîne cryptée par le milliardaire Vincent Bolloré, propriétaire de Canal via le groupe Vivendi. Sous l’impulsion de M. Belmer, Canal avait insisté sur les créations de séries originales et ambitieuses, dont «Les Revenants», «Braquo» ou «Engrenages». Le dirigeant avait également mis l’accent sur l’identité historique de la chaîne, qui s’était un peu perdue les années précédentes, en installant notamment en 2004 l’émission en clair «Le grand journal» (d’abord présentée par Michel Denisot), très inspirée de l’émission culte «Nulle part ailleurs».

Au sein du groupe TF1, M. Belmer va d’ailleurs retrouver des figures du Canal+ pré-Bolloré: Yann Barthès, à la tête de «Quotidien» sur TMC après avoir présenté «Le petit journal» sur Canal jusqu’à 2016, et Alain Chabat, qui animera prochainement sur TF1 une quotidienne de deuxième partie de soirée. Ironie du sort, l’annonce survient alors que Canal+ et TF1 se livrent une guerre sur le contrat de distribution des chaînes du second par le premier. Jusqu’à juillet, M. Belmer était directeur général du groupe informatique français Atos. Un poste qu’il n’a occupé que pendant six mois et qu’il a quitté sur fond de rumeurs de désaccords avec le président du conseil d’administration Bertrand Meunier. Auparavant, il a été directeur général de l’opérateur satellitaire Eutelsat Communications, de 2016 à 2021.