RSF craint une «surveillance généralisée» du web

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Reporters sans Frontières s’est dit inquiet jeudi des déclarations de Nicolas Sarkozy qui veut punir pénalement la consultation de sites faisant l’apologie du terrorisme, craignant «une surveillance généralisée du web» et des barrières au métier de journaliste. «Désormais, toute personne qui consultera de manière habituelle des sites internet qui font l’apologie du terrorisme ou qui appellent à la haine et à la violence sera punie pénalement», a déclaré le chef de l’Etat peu après la mort de Mohamed Merah, l’auteur revendiqué des tueries de Toulouse et Montauban. «Nous comprenons l’émotion qui entoure cette affaire mais les déclarations de Nicolas Sarkozy nous ont particulièrement inquiété», a commenté Lucie Morillon, responsable du bureau nouveaux médias à RSF. «On s’inquiète surtout du fait que l’on puisse criminaliser la consultation d’un site Internet: est-ce que cela veut dire que l’on va mettre en place en France une surveillance généralisée du web pour savoir qui a accès à quoi? qu’est-ce qu’un site qui appelle à la violence?», s’est-elle interrogée. «On se trompe de cible en s’en prenant à Internet, il y avait du terrorisme avant Internet. Au lieu de criminaliser la consultation des sites, on a plutôt envie de voir que les efforts se concentrent sur les gens qui alimentent ces sites et qui sont responsables d’actes terroristes», a ajouté Lucie Morillon. «Et puis cela pose aussi une question très liée à notre mandat qui est la liberté d’information: aujourd’hui le principe même de la pénalisation du lectorat nous préoccupe, un journaliste qui enquête sur une mouvance terroriste sera-t-il aussi pénalisé?», a souligné la responsable de RSF. «La déclaration de Nicolas Sarkozy est très générale, elle laisse la porte ouverte à beaucoup d’interprétations, et nous aimerions savoir ce qu’il entend par «violence» par exemple», a résumé Lucie Morillon.