TDF prend un nouveau départ

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TDF prend un nouveau départ avec de nouveaux actionnaires, une dette apurée et de grandes ambitions dans les infrastructures TV et télécoms du futur, explique dans un entretien Olivier Huart, DG de l’opérateur français de sites d’antennes. TDF qui exploite le site de la tour Eiffel et 9.500 tours et antennes sur le territoire, a longtemps été en mauvaise posture, grevé par une dette qui a atteint plus de 4 milliards d’euros. L’ex-filiale de l’ORTF et France Telecom, passée par 2 opérations de rachat par endettement (LBO), peut enfin respirer avec la finalisation cette semaine de l’acquisition de ses activités en France par 4 partenaires emmenés par le fonds d’infrastructures Brookfield. L’accord dévoilé en novembre, qui valorise la société à 3,6 milliards d’euros, représente la plus grosse opération dans le domaine des infrastructures l’an dernier en Europe. 

«Nos nouveaux actionnaires correspondent à notre ADN c’est-à-dire, une vision à long terme des infrastructures et nous donnent la structure financière pour nous développer», observe Olivier Huart, un ingénieur sorti de l’X-Télécom. Aujourd’hui, ce proche du magnat des télécoms Patrick Drahi, se dit soulagé de passer aujourd’hui «moins de temps avec les banques». «La dette énorme que nous avions par le passé n’est plus un problème, elle a été diminuée par deux et demi», souligne-t-il. TDF dispose à présent de 2,2 milliards d’euros de fonds propres, d’une dette refinancée de 1,4 milliard, et veut muscler ses investissements pour préparer son avenir. Le groupe a déjà subi plusieurs mutations : d’une société centrée sur la diffusion de la télévision et de la radio, elle se tourne de façon croissante vers les télécoms qui utilisent une partie de ses tours qui parsèment le territoire. Le groupe avait perdu 40% de son c.a. avec l’abandon de la diffusion analogique de la télévision lors du passage au numérique en 2011. Mais il reste un grand promoteur de la TNT, le numérique terrestre, qui est concurrencé par le satellite, le câble et de plus en plus la TV par internet ou IPTV. «Il est important de ne pas fragiliser (la TNT) et de continuer à lui faire porter le rôle de la 1ère plateforme en France», souligne Olivier Huart. «Ce n’est pas incompatible avec le développement de la fibre en France mais dans dix ans je ne pense pas que plus de la moitié des foyers français seront raccordés à la fibre, cela coûte très cher», insiste-t-il. Une position que TDF défend avec d’autant plus d’ardeur que les pouvoirs publics doivent décider du calendrier de la rétrocession d’une partie des fréquences utilisées par la TNT, la bande 700 Mhz, au profit des télécoms, qui pourrait mettre en difficultés l’audiovisuel si elle se faisait trop rapidement. 

TDF se dit prêt à accompagner le passage de l’ensemble des chaînes de télévision à la HD. Ce tournant pourrait intervenir en 2016 ou 2017, mais signifiera la mise au rancart des téléviseurs les plus anciens (aux normes MPEG2). Et il prépare déjà la génération suivante de la télévision: l’Ultra haute définition ou 4K pour la prochaine décennie. Mais les télécoms, qui ne constituaient que 10% de son c.a. en 2002, représentent une part croissante de l’activité de TDF, 45% aujourd’hui, et devraient bientôt prendre le pas sur l’audiovisuel. «Le très haut débit devient l’eau ou l’électricité du XXie siècle, il y a besoin d’en avoir partout», souligne le responsable. TDF va ainsi «poursuivre le déploiement en région rurale le long des grands axes de circulation, les autoroutes, les voies de TGV, là où il y a une demande très forte». Et TDF se positionne déjà en vue de la 5G, la future génération des communications mobiles, très prometteuse pour le groupe, puisqu’elle exigera «une refonte complète de l’architecture des réseaux des opérateurs mobile» .