Top 14 : la LNR résilie son accord avec Canal Plus

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Dans sa partie de poker autour des droits télé du Top 14, la Ligue nationale de rugby a fait le pari risqué de dénoncer son contrat avec Canal+ pour lancer un nouvel appel d’offres, espérant décrocher le jackpot.
Après plusieurs mois de suspense, le comité directeur de la LNR a décidé lundi soir de dénoncer le contrat la liant avec Canal+ jusqu’à la fin de la saison 2015-2016, comme le permet une clause expirant au 31 décembre 2013 dans l’accord actuel. L’objectif: revaloriser nettement les 31,7 millions d’euros annuels, dont 4,5 millions de part variable, versés par la chaîne cryptée depuis la saison 2011-2012 et qui ne satisfont guère les présidents de clubs de Top 14. Le montant est vital au regard du budget de la LNR pour l’exercice 2013-2014: 72,1 millions d’euros. La donne a changé depuis 2011 et le dernier appel d’offres, avec la montée en puissance de BeIn Sport, filiale du puissant groupe qatari Al Jazira. Depuis son lancement en janvier 2012, BeIn Sport s’est distinguée en ravissant à Canal+ une partie des droits de la Ligue 1 et l’intégralité du championnat espagnol de football. De quoi aiguiser les appétits dans un contexte où les clubs de Top 14 accusent en moyenne un déficit d’exploitation de l’ordre de 1,8 million d’euros depuis 3 saisons.  La Ligue a d’abord tenté de négocier de gré à gré avec Canal+. Qui, de sources concordantes, a mis sur la table une proposition supérieure au double de ce qu’elle paie actuellement. «La Ligue n’a cessé de pousser à la hausse la proposition de Canal, qui est passée de 45 à 66 millions (par an) sur 5 ans, ce qui est déjà au-delà du raisonnable pour la chaîne», a expliqué un acteur proche du dossier. Vendredi dernier encore, la chaîne cryptée se croyait sûre de son coup avec une telle enveloppe… avant qu’un coup de fil de la LNR lundi matin, à quelques heures du comité directeur, ne bouleverse tout. «La Ligue voulait 10 millions de plus et n’incluait plus les droits internationaux», ajoute-t-on de même source. Ce qui représenterait un surcoût de 30 millions d’euros pour la chaîne, désormais privée de la revente des droits à l’étranger. «En refusant une telle offre de Canal, je n’ose imaginer que la Ligue n’ait pas reçu des garanties de la part de BeIn, estime cet acteur proche du dossier».  En 1er lieu, la LNR doit en effet résoudre une équation compliquée et périlleuse, entre l’argent gagné directement par le versement de droits et celui généré par l’exposition offerte par les diffuseurs. Or, Canal+ a des atouts sur ce point, avec un portefeuille d’abonnés -autour de 5 millions- beaucoup plus volumineux que celui de BeIn Sport (un peu moins de 1,5 million). Canal+ revendique en moyenne 726.800 téléspectateurs sur les matches de la saison régulière.
BeIn Sport parviendra-t-elle à de telles audiences, qui influent par ricochet sur le sponsoring et le marketing, 2 autres ressources déterminantes des clubs? Dans l’appel d’offres lancé cette semaine pour 4 saisons (2014-15 à 2017-18), la Ligue devrait aussi étudier la possibilité de morceler son offre en «lots», vendant certaines affiches à part, ce qui ouvre la porte à la cohabitation de plusieurs diffuseurs. Un autre acteur pourrait en fin de compte bouleverser le jeu: la Fédération française de rugby. Pour l’instant, elle n’a pas renouvelé sa convention avec la LNR… qui n’a donc délégation pour négocier les droits des compétitions professionnelles que jusqu’au 31 décembre. L’avenir est encore bien flou.