Un représentant européen exhorte le Qatar à supprimer plusieurs lois qui entravent la liberté d’expression

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Le Qatar devrait supprimer plusieurs lois qui entravent la liberté d’expression, a déclaré lundi le représentant spécial de l’Union européenne (UE) pour les droits humains Eamon Gilmore lors d’une visite à Doha. «Je suis préoccupé par certains textes de loi qui concernent la liberté d’expression et la liberté de la presse», a déclaré M. Gilmore à des journalistes.

Le Qatar, qui se prépare à accueillir la Coupe du monde de football en 2022, est fréquemment critiqué par les défenseurs des droits humains sur son déficit en matière de liberté d’expression notamment en ce qui concerne les questions relatives aux personnes LGBT+ (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) et celles relevant de la sécurité.

M. Gilmore a souligné que la loi sur la presse de 1979 permet aux fonctionnaires qataris d’exiger des corrections dans des articles publiés. Elle permet aussi, selon lui, la suspension de publications pour des périodes allant jusqu’à trois mois pour des articles jugés contraires à l’intérêt public. Le responsable européen a indiqué avoir fait part de ses préoccupations au ministère des Affaires étrangères et au Comité national des droits humains du Qatar, qui organise une conférence de deux jours sur le thème des «défis et moyens pour promouvoir les libertés et protéger les militants». «La liberté d’expression est une partie très importante de la façon dont l’Union européenne envisage les droits humains», a souligné M. Gilmore. La délégation de l’UE a également fait part de ses préoccupations concernant une loi sur la prévention de la cybercriminalité de 2014, qui prévoit une peine de trois ans pour propagation de «fausses nouvelles».

Cette loi ne donne aucune définition de ce qui constitue une «fausse nouvelle» et la peine a été portée à cinq ans de prison en cas de «mauvaise intention», selon la délégation européenne. «Nous demandons instamment que ces lois soient amendées, changées ou retirées», a déclaré M. Gilmore. Des experts indépendants de l’ONU ont déjà averti que la loi sur le délit de «lèse majesté», qui interdit de manquer de respect aux dirigeants, viole les droits à la liberté d’expression. «Il semble qu’elle soit rarement appliquée mais le groupe de travail (de l’ONU) demande néanmoins que cette disposition soit abrogée», ont déclaré les experts lors d’une visite au Qatar en novembre. Les experts sont indépendants et ne parlent pas au nom de l’organisation mondiale, mais leurs conclusions peuvent être utilisées par les agences de l’ONU, y compris le Conseil des droits de l’Homme.