Bien que très impopulaire, la hausse de la redevance est stratégique pour l’audiovisuel public

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Avoir une télévision coûtera plus cher : la redevance va augmenter de 3 euros, passant à 136 euros en métropole, une hausse inscrite dans le budget 2015 pour compenser la baisse des fonds alloués aux groupes audiovisuels publics et «renforcer leur indépendance». 

Comme tous les ans, la redevance, qui sert à financer des groupes comme France Télévisions, Radio France ou Arte, va augmenter mécaniquement de 1 euro pour suivre l’inflation. Mais vu sa faiblesse, le gouvernement a opté en sus pour «une revalorisation exceptionnelle» de 2 euros. La redevance – désormais appelée «contribution à l’audiovisuel public» (CAP) – va ainsi passer de 133 à 136 euros en métropole. L’accroissement est limité à un euro en Outremer où elle atteindra 86 euros. La redevance avait déjà été relevée de 6 euros en 2013 et de 2 euros en 2014.

Bien que très impopulaire – 70% des Français trouvent qu’ils déjà paient trop cher, selon un sondage de Médiamétrie de 2013 – ce prélèvement n’en est pas moins stratégique pour l’audiovisuel public. Et les choses ne sont pas prêtes de changer car le secteur est contraint de se serrer la ceinture pour participer aux efforts budgétaires du pays. En juillet, le gouvernement a ainsi annoncé que la dotation à l’audiovisuel public passerait de 292 millions en 2014 à 29 millions en 2017. Dans le budget 2015, les fonds alloués ont déjà été ramenés à 189 millions d’euros (-35,2%). L’autre argument mis en avant par le gouvernement, c’est le «renforcement de l’indépendance» de l’audiovisuel public. D’après le projet de budget, ses ressources -redevance et financements publics, resteront globalement stables (+0,3%) en 2015.Du côté des entreprises concernées (France TV, Radio France, Arte, TV5 Monde, Institut national de l’audiovisuel et France Médias Monde – RFI, France 24 et Monte Carlo Doualiya-), on se dit relativement satisfait. «C’est ce qui était attendu. La logique qui consiste à augmenter la redevance pour diminuer la contribution de l’Etat est respectée», explique un de ses dirigeants. Les ressources de l’audiovisuel public «restent tout juste stables», note-t-on dans un autre groupe. En cette période de vaches maigres, certains voudraient même voir la redevance élargie aux ordinateurs, tablettes et smartphones. La ministre de la Culture Fleur Pellerin a fermé la porte cette année, mais une réflexion est en cours. «On est en droit de se demander pourquoi, à terme, la redevance ne pèserait que sur les détenteurs de télévision», a-t-elle déclaré dernièrement. «Logiquement l’an prochain, il devrait y avoir un sujet autour de l’assiette de la redevance», confirme un autre responsable de l’audiovisuel public. 

D’autres pistes de financement sont explorées actuellement. Profitant d’une brèche dans la loi interdisant la pub en soirée sur les chaînes publiques, France TV a annoncé mardi qu’il allait remettre dès octobre des spots après 20h00 sur France 3 dans quelques régions. Une initiative qui a surpris même les syndicats mais qui pourrait rapporter 10 millions d’euros de recettes par an, selon la direction. De son côté, le président de Radio France, Mathieu Gallet, a demandé début septembre que les radios publiques puissent élargir les pub autorisées sur ses antennes à des groupes qui «ont un rôle public, comme Air France, La Poste ou la SNCF». Elles sont jusqu’à présent limitées aux groupes publics ou parapublics.