Campagne électorale: l’ARCOM publie un «guide de mise en image»

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La traduction en langue des signes des discours des candidats à la présidentielle doit être correctement filmée pour être réellement utile aux électeurs sourds et malentendants, a souligné jeudi le régulateur de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom, ex-CSA), qui a rassemblé des conseils pratiques dans un «guide de mise en image». «Nous sommes encore loin de l’objectif universel d’accessibilité» des programmes audiovisuels pour les personnes handicapées, a estimé lors d’une conférence Carole Bienaimé-Besse, membre du collège de l’Arcom, chargée des questions de «cohésion sociale». «Parfois, l’interprète en langue des signes est un confetti qui bouge les mains dans un coin de l’écran, c’est impossible à suivre!», a ironisé Jérémie Boroy, président du Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH), qui a participé à l’élaboration de ce guide. Il s’agit pourtant de «faire en sorte que toutes et tous puissent participer à la vie démocratique», selon lui. Pour que les gestes des traducteurs soient bien visibles, une coordination préalable est nécessaire entre les équipes de campagne, les réalisateurs, les diffuseurs et les interprètes eux-mêmes, insistent les auteurs du guide. Par exemple, il faut éviter que l’interprète porte des vêtements de même couleur que le fond derrière lui, ou que son image occupe moins d’un tiers de l’écran, ou encore qu’il soit partiellement dissimulé à l’antenne par un bandeau d’information ou un logo. Ces consignes ont vocation à s’appliquer aux clips de campagne officiels des 12 candidats, qui seront diffusés par les chaînes publiques à partir du 28 mars, et qui pour la première fois cette année devront être impérativement traduites en langue des signes (LSF), en plus du sous-titrage et de l’audiodescription. En ce qui concerne les autres prises de parole des candidats – réunions publiques, interventions télévisées ou autres débats -, la version en LSF n’est pas obligatoire, mais seulement recommandée. Dans les faits, elle est déjà pratiquée, mais de manière inégale, a souligné M. Boroy: «certains candidats le font systématiquement, d’autres pas toujours, d’autres pas du tout». Certaines interventions peuvent être traduites en direct, mais ne le sont plus lorsque le candidat publie ensuite un extrait de son discours sur les réseaux sociaux, a-t-il déploré. Dans le guide pratique, des captures d’écran récentes montrent les exemples à suivre ou au contraire à éviter: un discours de Valérie Pécresse (LR) où l’image de l’interprète, minuscule, disparaît derrière un bandeau sur CNews, un meeting de Fabien Roussel (PCF) où l’interprète est vêtue de noir sur fond noir, ou une allocution solennelle du président Macron où la personne qui «signe» est filmée dans un cadre trop étroit.