Chine/ «conférence universelle de l’internet» : Amnesty International inquiète

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Amnesty International a estimé mardi que l’organisation par la Chine d’une «conférence universelle de l’internet» faisait «froid dans le dos», car cela illustrait les efforts de Pékin pour promouvoir à l’étranger sa conception répressive du web. 

La ville orientale chinoise de Wuzhen accueille de mercredi à vendredi un colloque international, baptisé «conférence universelle de l’internet», avec comme thème: «Un monde interconnecté partagé et administré par tous». 

Y sont invités les grands patrons chinois de l’internet, comme Jack Ma (Alibaba), Charles Chao (Sina), Robin Li (Baidu) ou Pony Ma (Tencent), mais aussi des responsables de sociétés étrangères comme le spécialiste américain des composants pour téléphones portables Qualcomm ou le réseau social professionnel LinkedIn. 

«Il semble que la Chine tente de promouvoir ses propres règles domestiques de l’internet comme modèle pour une régulation mondiale. Cela ne peut que faire froid dans le dos à tous ceux qui sont attachés à la liberté du réseau», a commenté William Nee, spécialiste du web chez Amnesty. 

La conférence de Wuzhen propose une session à huis clos, réservée aux invités, sur le thème suivant: «Bâtir un cyberespace pacifique, sûr, ouvert et fondé sur la coopération». Les journalistes accrédités reçoivent des instructions précises sur les moments où ils sont autorisés à interviewer les délégués. «Le modèle chinois de l’internet est celui de la répression et d’un contrôle poussé à l’extrême», a rappelé M. Nee, d’Amnesty International. 

Le Parti communiste chinois (PCC) s’emploie en effet à museler l’internet, qui a joué ces dernières années un rôle de puissante caisse de résonance des critiques du régime. 

Selon des mesures adoptées en septembre, les internautes chinois risquent jusqu’à trois ans de prison pour des messages jugés diffamatoires publiés plus de 500 fois ou consultés plus de 5.000 fois. 

De nombreux internautes et journalistes ont été arrêtés cette année et certaines des voix critiques les plus influentes sur les réseaux sociaux ont dû se livrer à d’humiliantes «autocritiques» à la télévision. 

 

Les autorités chinoises ont de surcroît mis en place une censure très perfectionnée de l’internet, qui est expurgé des sites politiquement sensibles, afin que ne puisse s’organiser de dissidence. Twitter, YouTube et Facebook sont bloqués dans le pays, ainsi que de nombreux sites d’information.