Christophe DECHAVANNE et Gilles BOULEAU, Animateur et Journaliste à TF1

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A l’occasion de son 40ème anniversaire, TF1 réserve ce soir à ses téléspectateurs une soirée qui donnera toute sa place aux grandes images qui ont marqué les Français sur la chaîne. Entretien avec Christophe DECHAVANNE et Gilles BOULEAU, respectivement Animateur et Journaliste à TF1.

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En quoi la tonalité de TF1 a-t-elle changé ces 15-20 dernières années ? 

Christophe DECHAVANNE

Il est de plus en plus compliqué de l’ouvrir et de dire des vérités. Sur «Coucou c’est nous !» par exemple, nous avions un langage de charretier mais nous restions très humains. Tous les «experts» expliquent aujourd’hui que ce genre d’émissions passerait difficilement à l’antenne en 2015. En l’espace de 15-20 ans, nous avons reculé de 50 ans. Avec les événements tristes, graves et monstrueux que le pays a connus ces dernières semaines, on ne peut qu’espérer que notre ouverture d’esprit puisse s’agrandir. Il y a deux ans, lorsque je présentais des jeux sur TF1, je recevais des courriers de parents m’indiquant qu’ils ne laisseraient sûrement pas leurs enfants regarder mes émissions, tellement je parlais mal… C’est hallucinant ! Le risque aujourd’hui est de vouloir que la télévision colle absolument à l’ambiance que nous nous faisons de la société. Le petit écran doit conserver une certaine indépendance et ne doit pas toujours vouloir montrer ce que les gens veulent voir. Dans les années 90, en enregistrant la fausse émission de «Ciel mon mardi», une seule personne était au courant, Etienne Mougeotte. Il tournait en rond comme un loup en régie. Nous avons réussi à piéger la France entière sur un sujet sur l’adultère. A l’époque, nous étions considérés comme de la trash TV. C’était gonflé, en direct, et je pense malheureusement que ce serait compliqué de le refaire aujourd’hui.  

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A notre époque, peut-on encore être impertinents à la TV ?

Gilles BOULEAU

La télévision est l’accompagnement de ce que nous sommes, de ce que la société est. Sur la partie information, nous devons être pertinents et impertinents, ce qui ne signifie pas être vulgaires ou agressifs. En ce sens, nous traitons de sujets de manière approfondie et nous posons les questions telles qu’elles doivent être posées à nos invités. Les gens s’interrogent souvent sur la question de notre liberté de ton et de vocabulaire dans un JT. Le langage que j’emploie à 20h20 n’est pas le même que j’utilise à 20h00. En prenant l’antenne, vous êtes dans le «hard news», dans l’économie de mots, dans l’utilisation de termes très précis. Plus tard dans le conducteur, une vraie liberté d’écriture s’installe avec des jeux de mots, des références culturelles. Il sera possible à l’avenir de réinventer la façon dont nous informons les gens. Créer des décors en réalité augmentée par exemple – comme nous l’avons fait avec le robot Philae sur la comète Tchouri – est une nouvelle manière de faire comprendre les choses. 

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Quels sont vos souvenirs les plus marquants des programmes de TF1 ?

Christophe DECHAVANNE

Ils sont nombreux ! Je me souviens de Bernard Golay dans «Samedi est à vous» mais aussi de séries comme «Amicalement vôtre» ou «Les Mystères de l’Ouest». J’avais un peu plus de mal avec «Dallas». Michel Denisot qui faisait les dimanches après-midis sur TF1 m’a donné envie de faire de la TV. 

Gilles BOULEAU

Pour ma part, j’ai eu la télévision un peu tard, en 1975. Et parmi les moments les plus marquants que j’ai vécus en regardant TF1, il y a eu la chute du mur de Berlin, les incidents sur le plateau sur «Ciel mon Mardi». D’ailleurs, Christophe Dechavanne était à l’époque dans la transgression mais aussi dans la communion avec les gens. Il y a eu aussi «La Une est à vous», «Sacrée Soirée», les programmes incarnés par Roger Gicquel, les débats politiques, ou encore Maurice Dugowson qui avait réalisé l’émission de débats «Le Droit de réponse» qu’animait Michel Polac.