Claude ESCLATINE Directeur de France Ô et d’Outre-mer 1ère

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MEDIA +
Sept mois après le lancement de la TNT sur l’ensemble des 9 territoires d’Outre-mer, quel premier bilan dressez-vous ?
CLAUDE ESCLATINE
J’en tire un bilan tout-à-fait positif ! Nous sommes arrivés dans un champ télévisé extrêmement concurrentiel. Le paysage audiovisuel en Outremer se traduit par la présence de bouquets commerciaux (CanalSat, Numericable…) mais également d’un bouquet numérique gratuit que nous avons construit, géré et diffusé. Ce bouquet est distribué sur 9 territoires ultra-marins, ce qui correspond à 9 bouquets numériques dispersés dans le monde entier. La volonté de la nouvelle direction de France Télévisions, coordonnée par Rémy Pflimlin, est d’inscrire très délibérément l’Outremer dans la stratégie du service public. Ainsi, les 9 chaînes TV locales actuelles sont devenues : Martinique 1ère, Guadeloupe 1ère, Nouvelle-Calédonie 1ère, Wallis et Futuna 1ère, Polynésie 1ère, Réunion 1ère, Guyane 1ère, Mayotte 1ère et Saint-Pierre et Miquelon 1ère.
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Comment considérez-vous la bipolarité entre la télévision et la radio en Outre-mer ?
CLAUDE ESCLATINE
Il y a concordance volontaire entre la télévision et la radio en Outre-mer. Dans le Groupe France Télévisions, j’assume la direction du réseau Outremer (9 chaînes de TV et 9 radios) ainsi que de la chaîne France Ô. Je m’emploie avec les équipes à faire en sorte que les médias radiophoniques et télévisuels soient convergents et complémentaires. Nous commençons d’ailleurs à proposer des émissions communes en faisant collaborer les deux médias.
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Chacun des 9 territoires disposant de la chaîne 1ère ont une grille de programmes différente. Comment est-ce possible de gérer autant de combinaisons de programmes ?
CLAUDE ESCLATINE
C’est un dispositif assez complexe. C’est pourquoi, dans chacun des territoires, il y a une direction d’antenne locale qui assure la programmation, l’acquisition et le suivi de la production locale. Nous leur déléguons un budget annuel que les directions d’antenne gèrent localement. En parallèle, nous disposons d’une équipe d’acquisition à Paris dirigée par Luc de Saint Sernin, Directeur de la Coordination des Antennes d’Outre-mer 1ère, qui réalise des acquisitions dites «syndiquées» et globales pour l’ensemble des 9 territoires. A cet égard, dès que nous faisons l’acquisition d’un film, d’un documentaire ou d’une série, nous l’achetons pour les 9 territoires et c’est évidemment beaucoup moins cher.
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Quel budget allouez-vous aux télévisions d’Outre-mer ?
CLAUDE ESCLATINE
Nous déployons un budget consolidé – sur l’ensemble des 9 territoires – de 180 millions d’euros.
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Quelle est la proportion des productions locales ultra-marines ?
CLAUDE ESCLATINE
La production locale en Outre-mer est variable d’un territoire à l’autre. En volume de diffusion sur les territoires, cela s’inscrit dans un pourcentage allant de 15 à 40%. Plus la région est grande et vaste, plus la production locale sera importante. Il faut savoir que les chaînes privées en Outre-mer se préoccupent très peu des petits producteurs locaux. A contrario, notre mission est d’aider à la production locale et de mettre en valeur les identités de l’Outre-mer.
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Comment accentuerez-vous la logique de modernisation de ces antennes ?
CLAUDE ESCLATINE
Tout d’abord, nous avons à faire à des populations beaucoup plus jeunes qu’en Métropole qui sont d’ailleurs beaucoup plus équipées en téléphones mobiles et tablettes numériques. Cette situation nous oblige à accentuer notre présence sur le numérique. Ensuite, la modernisation passera également par l’augmentation du volume de la production audiovisuelle locale, mais aussi par l’arrivée de programmes nationaux et internationaux de grande audience. Nous avons en effet un objectif d’audience, et nous le revendiquons !