Dix ans après le «Loft», la télé-réalité n’a plus rien de honteux

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Sulfureuse et controversée au moment du lancement de «Loft Story» il y a tout juste 10 ans, la télé-réalité est aujourd’hui devenu un genre comme un autre, embrassant pêle-mêle aventure, musique et «coaching», tout en dispersant ses recettes de mise en scène jusque dans le documentaire. 26 avril 2001 : ce jour là, la France découvre Loana. Avec quelques autres anonymes, elle va vivre, dix semaines durant et 24 heures sur 24, sous l’oeil des caméras de M6. Le succès du Loft est aussi immédiat que phénoménal, et, très vite, la télé-réalité importée des Pays-Bas par Endemol va solidement s’ancrer dans les programmes des chaînes commerciales. Un soir, les ébats de Loana avec Jean-Edouard sont filmés dans une piscine. L’indignation est à son comble, l’émission accusée de tous les maux : voyeurisme, vacuité, vulgarité. Halte aux «sous-produits pornographiques» et à la «trash télé», s’étrangle notamment Patrick Le Lay, grand patron de TF1. Dix ans plus tard, malgré d’autres polémiques ça et là et plusieurs dizaines de rappels à l’ordre du Conseil supérieur de l’Audiovisuel, plus personne ne s’émeut de voir des inconnus – ou des célébrités en mal de notoriété – mis en scène, à TF1 comme ailleurs. Il est vrai que la télé-réalité a su muer et ne pas se restreindre aux seuls programmes d’enfermement qui, dans le sillage du Loft, ont continué avec plus ou moins de succès («Nice People», «La Ferme des Célébrités», «Secret Story»). L’aventure s’est invitée («Koh-Lanta», «Pékin Express»), puis la séduction avec des célibataires en mal d’épouses («Bachelor», «Qui veut épouser mon fils?») ou des couples en manque de frissons («L’île de la tentation»).