Entretien avec Dick WOLF, Président et Fondateur Wolf films

546

MEDIA +
Producteur depuis plus de 30 ans, comment avez-vous vécu la mutation du paysage audiovisuel ?
Dick WOLF
Il y a eu tellement de changements ces dernières années avec la mutation du numérique, que l’industrie audiovisuelle se réinvente constamment. Parmi les changements majeurs, le passage d’une industrie télévisuelle composée de 3 networks et de 2 stations locales, à plus d’une cinquantaine de chaînes. Le business est aujourd’hui totalement différent d’il y a 20 ans. Du coup, l’audience est logiquement beaucoup plus petite, pour importe quel programme. Lorsque je produisais «Miami Vice», Brandon Tartikoff, qui était à l’époque le directeur des divertissements de NBC, me demandait à ce que la part d’audience de la série soit d’au moins 20% à la fin de l’année, auquel cas la série serait annulée. Aujourd’hui, pour obtenir une telle audience, il faut attendre la diffusion de la «National Football League».
MEDIA +
Comment êtes-vous devenu producteur ?
Dick WOLF
J’ai débuté ma carrière dans la publicité en tant que rédacteur et producteur, puis je me suis rapidement intéressé à la production télévisuelle. De plus, mon père était déjà dans le milieu puisqu’il était lui aussi producteur. J’ai bien l’impression que c’est génétique !
MEDIA +
Votre rapport au public a-t-il changé vis-à-vis de la création de séries ?
Dick WOLF
Pas nécessairement ! Je continue à produire des séries tv qui sont de véritables shows TV et qui ont vocation à être regardés par le plus grand nombre. La réaction du public, on ne peut jamais la prédire. En revanche, pour la longévité de la franchise «Law and Order» («New York Police Judiciaire», «New York Unité Spéciale»…) que je produits depuis plus de 20 ans, c’est l’écriture qui est la clé du succès. «New York Unité Spéciale» est d’ailleurs dans sa 14ème saison sur NBC.

MEDIA +
La logique en France est de produire moins cher mais mieux. Êtes-vous dans cette même optique ?
Dick WOLF
Nous essayons d’être le plus économe possible, aussi bien sur l’initiation de projets que sur la fabrication des séries. Mais quoi que vous fassiez, tout coûte de l’argent.
MEDIA +
Les networks américains sont-ils devenus plus prudents ces dernières années ?
Dick WOLF
Ce n’est pas une question de prudence car les différents networks se montrent aujourd’hui visiblement plus audacieux. Ils sont motivés par une seule chose : trouver la série que tout le monde regardera. Or, il est aujourd’hui difficile de repérer le programme qui fonctionnera à coup sûr.
MEDIA +
Pourquoi les séries américaines peuvent-elles paraître plus attrayantes que les séries européennes?
Dick WOLF
Il me semble que les téléspectateurs sont habitués à notre façon de produire, souvent copiée, jamais égalée. En revanche, la production de séries européennes émergent actuellement, même s’il s’avère compliqué de générer de l’argent avec. Les États-Unis achètent d’ailleurs beaucoup plus de formats étrangers qu’auparavant.
MEDIA +
Quels sont vos projest à venir ?
Dick WOLF
Il y a évidemment la 2ème saison de la série «Chicago Fire» sur NBC. De plus, je souhaite depuis plusieurs années porter à l’écran la vie de Genghis Khan, le fondateur de l’empire mongol. Pour y parvenir, il me paraît inévitable de passer par la coproduction internationale pour réussir à mener à bien un tel projet, d’autant que son histoire est assez universelle. Ce projet pourrait aussi bien être développé à travers un film unitaire ou une mini-série de 8 épisodes.