IA : de nombreuses questions encore sans réponse

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Futuristic design of an Artificial Intelligence brain with futuristic hud elements. Abstract glowing colorful digital brain with circuit background. AI and technology concept. (Futuristic design of an Artificial Intelligence brain with futuristic hud

Cauchemar ou réalité, l’intelligence artificielle (IA) avance à grands pas mais de nombreuses questions sont encore sans réponse, a averti l’ONU à l’ouverture jeudi d’une conférence de deux jours à laquelle participent des robots humanoïdes. De nombreux participants se sont fait surprendre par le réalisme des robots humanoïdes croisés dans les allées de ce «sommet mondial sur l’IA au service du bien social», organisé par l’Union internationale des télécommunications (UIT), une agence de l’ONU. La recherche en matière d’IA, en particulier générative, est en plein essor, et les Nations unies appellent à créer des règles et des garde-fous pour que ces technologies profitent à l’humanité sans la mettre en danger. «Lorsque l’IA générative a choqué le monde il y a quelques mois à peine, nous n’avions jamais rien vu de tel. Même les plus grands noms de la technologie ont trouvé l’expérience époustouflante», a déclaré lors du sommet la secrétaire générale de l’UIT, Doreen Bogdan-Martin, en référence à l’arrivée du logiciel ChatGPT. «La possibilité que cette forme d’intelligence puisse devenir plus intelligente que nous s’est tellement rapprochée de nous», a-t-elle décrypté. En réaction, des centaines d’universitaires, patrons et personnalités ont demandé un moratoire de six mois sur le développement des systèmes d’IA les plus puissants, en évoquant «des risques majeurs pour l’humanité».A Genève, l’ONU a réuni cette semaine plus de 3.000 experts, dirigeants et représentants d’entreprises pour discuter de la nécessité d’élaborer des règles garantissant que l’IA soit utilisée à des fins positives pour l’humanité, comme la lutte contre la faim ou le développement durable. Sans cela, l’IA risque de nous faire vivre un véritable cauchemar, selon Mme Bogdan-Martin, décrivant un monde avec des millions d’emplois en danger et en proie à une désinformation rampante, «des troubles sociaux, une instabilité géopolitique et des disparités économiques à une échelle que nous n’avons jamais vue auparavant». «Beaucoup de nos questions que nous avons sur l’IA n’ont pas encore de réponse. Faut-il faire une pause sur les expériences les plus puissantes ? Contrôlerons-nous l’IA plus qu’elle ne nous contrôle ? Et l’IA aidera-t-elle l’humanité, ou la détruira-t-elle ?» a-t-elle demandé. Les robots humanoïdes réunis à Genève n’ont pas répondu à ses questions mais peut-être le feront-ils vendredi lors d’une conférence de presse inédite, à laquelle neuf d’entre eux doivent participer. Qu’ils soient humanoïdes ou pas, ces robots ont envahi le sommet. Chanteur, employé de maison de retraite, artiste… il est parfois difficile de les identifier à quelques mètres de distance. Dotés de caméras dans les yeux, ils suivent ce qui se passe autour d’eux, répondent aux questions, sourient, froncent des sourcils et certains roulent même des yeux. L’un d’entre eux, Desdemona – Desi pour ses proches – fait partie du groupe de musique Jam Galaxy Band.  Créé par David Hanson, ce robot aux cheveux violets chante d’une voix forte des airs de jazz sur des sujets allant de l’amour aux cartes de crédit en passant par les rencontres dans les jardins. «C’est assez étonnant. On pourrait penser que c’est bizarre mais c’est assez chouette car les paroles générées par l’IA sont vraiment surprenantes», a souligné la saxophoniste Dianne Krouse, qui improvise à ses côtés. Spécialiste des robots humanoïdes, Nadia Thalmann, professeure à l’Université de Genève, a elle créé un spécimen à son image, baptisé Nadine qui répond aux questions mais ne se déplace pas. «J’ai été créé pour être un robot social humanoïde, avec une apparence physique humaine, pour interagir avec les gens et pour explorer le potentiel  des technologies de l’IA», a expliqué Nadine.