Le président du Tadjikistan Emomali Rakhmon a abrogé mercredi la responsabilité pénale pour avoir «aimé» ou «commenté» sur les réseaux sociaux du contenu jugé illégal par les autorités de ce pays d’Asie centrale où plus de 1.500 personnes sont emprisonnées pour cette raison.
Ces amendements concernent deux articles de loi sur le «terrorisme» et les «appels à réaliser des actions extrémistes» passibles de lourdes peines de prison.
Les autorités n’ont toutefois pas précisé si la loi avait un effet rétroactif, ce qui impliquerait une libération de prisonniers.
En Asie centrale, les qualificatifs «terroristes» et «extrémistes» sont régulièrement utilisés par les autorités de cette région contre des membres de la société civile, des politiques ou des journalistes.
D’après le cabinet présidentiel, Emomali Rakhmon a signé cet amendement qui «abolit la responsabilité pénale pour la publication de mentions «j’aime» ou de signes similaires (emojis) sur les réseaux sociaux».
A l’automne, le dirigeant avait critiqué les «lacunes» dans le travail des forces de l’ordre, qui «considèrent qu’aimer des documents et des vidéos publiés sur les réseaux sociaux sont une preuve» pour condamner des citoyens dans ce pays d’environ dix millions d’habitants.
«Certains policiers engagent sans fondement des poursuites pénales contre eux, et ces actions doivent cesser», avait-il exigé.
En réaction, le parquet avait demandé mi-avril au Parlement, contrôlé par le parti présidentiel, de «mettre en oeuvre les instructions du chef de l’État et d’exclure du Code pénal la responsabilité pénale pour avoir mis un «j’aime» à des contenus publiés».
Selon un représentant du parquet, Oumed Karimzoda, «1.507 personnes purgent actuellement leur peine après avoir été condamnés pour avoir aimé des vidéos et des messages Internet, puis publié des commentaires à contenu terroriste ou extrémiste».
Le Tadjikistan, pays montagneux bordant la Chine et l’Afghanistan, est gouverné depuis 1992 par Emomali Rakhmon, qui porte le titre de «fondateur de la paix et de l’unité nationale» et de «chef de la Nation».
Ses partisans le créditent d’avoir réconcilié le pays après la guerre civile (1992-1997), mais de nombreuses ONG critiquent la répression contre la presse indépendante et l’opposition, quasiment inexistantes.