Les modérateurs des sites d’info en ligne scrutent la toile

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Des dizaines de milliers de commentaires publiés par jour, parfois racistes, diffamatoires ou orduriers : les modérateurs des sites d’information en ligne scrutent la toile en permanence et jonglent entre censure et liberté d’expression. Fin novembre, l’affaire Dominique Strauss-Kahn/Nafissatou Diallo et l’hypothèse d’un arrangement à l’amiable, moyennant des dommages et intérêts substantiels, provoque nombre de réactions. «La pipe la plus chère du monde», s’amuse un internaute sous l’article en ligne de ce quotidien gratuit qui reçoit de 200 à 300.000 commentaires par mois. «Censuré», juge sans ciller Davy, 36 ans, qui supervise une partie des modérateurs travaillant chez Netino. Cette entreprise, basée à Paris, travaille comme sous-traitant pour la plupart des médias français, les sites de rencontre et gère les pages Facebook de grandes marques. «C’est vulgaire, on ne peut pas laisser passer ça. En revanche, celui-ci : «Je veux bien me faire agresser sexuellement», on le laisse, même si l’humour est douteux», poursuit-il. En fonction des médias, les commentaires sont traités avant d’être visibles en ligne ou a posteriori. Sur quelque 140 modérateurs, 15 à 20% sont basés en France, le reste étant délocalisé dans des pays francophones. 24 heures sur 24, ils lisent des messages allant d’un simple «LOL» à plusieurs paragraphes, sans oublier les photos. En moyenne, chacun en traite 80 par heure. Outre la maîtrise des acronymes et autres expressions qui parsèment internet, le maniement du sarcasme et du 2nd degré est indispensable. C’est pour cela que la «modération 2.0» ne pourrait pas être réalisée par des ordinateurs, selon Jérémie Mani, président de Netino.