Malgré la colère des intermittents, le gouvernement va valider l’accord

505

 

Bravant la colère des intermittents descendus dans la rue, le gouvernement a annoncé lundi qu’il ne reviendrait pas sur l’accord d’assurance chômage, tout en se disant prêt à remettre à plat le système de l’intermittence. Alors qu’une menace pèse désormais sur les festivals d’été, le gouvernement a confirmé aux partenaires sociaux qu’il validerait la convention d’assurance chômage, contestée par les intermittents, dans un rapport remis au Conseil national de l’emploi. Le ministre de l’Emploi «envisage d’agréer la convention du 14 mai et les textes qui lui sont associés», écrit le gouvernement, qui précise qu’elle «entrera en vigueur le 1er juillet pour une période de 2 ans». Le gouvernement oppose ainsi une fin de non-recevoir à la principale revendication des intermittents du spectacle, qui faisaient du non-agrément du texte un préalable à toute nouvelle concertation et ont observé ce lundi une journée d’action nationale. La mobilisation a été forte partout en France : plusieurs milliers de manifestants à Paris (10.000, selon la CGT), dont des personnalités comme Philippe Torreton, Alain Françon ou Jack Lang, entre 1.000 et 2.000 à Marseille, entre 600 et 1.000 à Bordeaux, 450 à Rennes, 400 à Montpellier… Plusieurs éditions régionales des journaux de France 3 ont été annulées, ainsi que celle de la mi-journée d’Arte, et les marionnettistes des «Guignols de l’Info» ont décidé de ne pas participer à l’émission du soir sur Canal Plus. Une trentaine de studios d’animation et de post-production sont en arrêt de travail. Le Printemps des Comédiens de Montpellier, 1er festival affecté depuis son ouverture le 3 juin, est en grève. Si la liste des manifestations perturbées depuis début juin est déjà longue, Uzès Danse (13-18 juin) est le 1er festival à être formellement annulé. Sa direction en a annoncé la déprogrammation ce week-end. La question se pose pour Aix-en-Provence et le «in» d’Avignon. Les personnels de ces 2 manifestations phare de l’été ont menacé la semaine dernière de se mettre en grève dès l’ouverture (respectivement les 2 et 4 juillet) si le gouvernement agréait la convention. Les intermittents sont très hostiles au texte, issu d’un accord signé le 22 mars entre le patronat et 3 syndicats de salariés (CFDT, FO et CFTC). Face à l’important déficit de l’Unedic, il prévoit de durcir les règles d’indemnisation des intermittents du spectacle, comme celles d’autres catégories de chômeurs. «Si la gauche assassine le festival d’Avignon et les autres festivals en signant cet accord, ce sera vraiment la fin d’une certaine idée de la gauche aussi», a dit le directeur du festival d’Avignon, Olivier Py, en s’adressant à Manuel Valls. S’il a décidé de valider le texte, le gouvernement cherche une porte de sortie pour sauver les festivals de l’été. Le Premier ministre a annoncé que des décisions sur les intermittents du spectacle seraient prises d’ici à la fin de la semaine, envisageant à terme une remise à plat de leur régime. «Tous les dix ans, tous les cinq ans, tous les trois ans, nous avons ce conflit et la possibilité voire la réalité de l’annulation de spectacles, il faut en sortir une fois pour toutes», a dit Manuel Valls. Aujourd’hui, a-t-il ajouté, «il faut trouver une solution immédiate» pour «préserver le dialogue social, les accords entre partenaires sociaux mais aussi ouvrir une voie d’espoir pour les intermittents». «Manuel Valls a l’air de dire que nos propositions sont intéressantes, c’est une ouverture. Mais je voudrais savoir comment articuler ces propos avec un agrément du texte au 1er juillet», a réagi le secrétaire général de la CGT-Spectacle, Denis Gravouil. Samuel Churin, porte-parole de la Coordination des intermittents et précaires, a jugé «schizophrène» le discours du gouvernement.