Meetings/Images clé en main: une remise en question de l’indépendance des médias?

413

 

Avançant des raisons économiques et pratiques, les chaînes TV utilisent les images de meetings fournies gratuitement et éditées par les partis politiques, une pratique dénoncée par des spécialistes qui y voient une remise en question de l’indépendance des médias. «Le PS, l’UMP, le Front de gauche, les Verts, le FN, tout le monde met à disposition des réalisations. Toutes les chaînes acceptent», résume Albert Ripamonti, directeur de la rédaction de i-Télé. En 2007, «seuls» le PS et l’UMP fournissaient des images de meetings.  «C’est pratique, parce que ça fait faire des économies», justifie Pascal Guimier, directeur de l’information d’Arte. L’argument de la contrainte économique est repris en choeur par toutes les chaînes, qui rejettent tout problème déontologique. «A partir du moment où on l’annonce clairement à nos téléspectateurs, on estime qu’il n’y a pas de problème», dit M. Ripamonti. Même ton à France TV: «on a accès aux meetings, nos journalistes peuvent faire leur travail, interviewer qui ils souhaitent», assure Thierry Thuillier, directeur de l’information du groupe public. Et pour Hervé Béroud, directeur de la rédaction de BFMTV, «quand un candidat est mauvais à la tribune sur le fond ou la forme, on peut le filmer comme on veut, il restera mauvais». Lors du 1er grand meeting de François Hollande au Bourget le 22 janvier, des vidéos réalisées par un spécialiste des grands évènements avaient été offertes aux TV, qui ont toutes diffusé les mêmes images.