O. SCHRAMECK (CSA) : «Les signalements de téléspectateurs sont passés de 8.000 à 40.000 en 1 an»

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Olivier SCHRAMECK

Président du CSA

Année 2017 particulièrement chargée pour le Conseil supérieur de l’audiovisuel face à un calendrier médiatique qui s’accélère. Afin d’avoir une vue d’ensemble des grands enjeux du secteur, média+ s’est entretenu avec Olivier SCHRAMECK, Président du CSA.

media+

2017, année de quels enjeux pour le CSA ?

Olivier SCHRAMECK

La première priorité relève de l’observation et de la garantie des modalités d’exposition des candidats à l’élection présidentielle dans les médias. La période d’entrée en vigueur de la nouvelle législation débute le 1er février et cette période s’étendra jusqu’au terme des élections législatives, à la fin du mois de juin. Deuxième priorité, assurer la régulation à la fois juridique, sociale et économique d’un certain nombre d’opérations qui vont modifier en profondeur le secteur. C’est le cas du rapprochement entre M6 et RTL, ou encore de l’avis que l’Autorité de la concurrence nous a demandé sur la situation du groupe CANAL+ au regard de ses engagements et de ses injonctions. On peut noter aussi la procédure en cours concernant TF1 et M6 qui font l’objet d’un examen de leur situation pour revoir leurs conventions. Enfin, nous savons pertinemment qu’un certain nombre de mouvements capitalistiques sont en gestation dans le paysage audiovisuel actuel. Nous devrons être saisis au titre de différentes dispositions de la loi.

media+

Nouveau phénomène, l’augmentation significative des signalements auprès du CSA, passant de 8.000 en 2015 à 40.000 en 2016. Que s’est-il passé ?

Olivier SCHRAMECK

À partir du moment où certaines émissions provoquent des interpellations, des plaintes mais aussi des signalements, cela génère un écho qui encourage le public à renouveler ces démarches. Nous nous sommes attachés à instruire ces demandes et donc à leur répondre dans des délais suffisamment brefs, entre 2 et 3 mois. Face à l’amplification du phénomène, nous nous sommes résolument placés dans la sphère des réseaux sociaux pour faciliter l’accès au CSA et engager une attitude d’interactivité avec le public.

media+

Les 40.000 signalements sont-ils tous légitimes ?

Olivier SCHRAMECK

Il y a une fixation du public sur certaines émissions et interventions. Incontestablement, un certain nombre d’anomalies potentielles se sont produites et se sont cristallisées sur certains programmes. Une chose est sûre, il se crée un réflexe d’appel aux CSA qui est voué à se développer dans l’avenir.

media+

Le CSA demeure-t-il plus que jamais le «gendarme de l’audiovisuel» ?

Olivier SCHRAMECK

J’ai toujours été très clair sur ce point. Nous sommes volontairement dans une attitude de dialogue, d’observation et d’apprentissage. Si nous avons affaire à des interlocuteurs qui ne veulent pas entendre ce que nous leur disons, nous devons alors passer à des avertissements, voire à des sanctions.

media+

Le CSA a épinglé récemment «Les recettes pompettes» sur le numérique. Est-ce votre rôle de surveiller les contenus digitaux ?

Olivier SCHRAMECK

C’est l’application de la loi. En réalité, il s’agit d’un SMAD (services de médias audiovisuels à la demande) qui fait intervenir dans un but économique, un éditeur qui est Studio Bagel. Nous ne sommes plus dans un cas de simple hébergement numérique. Ce type d’émission s’inscrit dans le cadre d’une création audiovisuelle. Le mode de diffusion importe peu, c’est le mode de création qui détermine notre sphère de régulation.