Olivier de CHAZEAUX, Avocat spécialiste du droit de la concurrence dans les médias

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Est-il probable que l’Autorité de la concurrence décide d’annuler le rachat par Canal+ des deux chaînes gratuites du groupe Bolloré, Direct 8 et Direct Star ?

Olivier de CHAZEAUX

Non je ne le pense pas ! La phase d’examen que vient d’ouvrir l’Autorité de la concurrence est une enquête approfondie dans le cadre du contrôle des opérations de concentration. L’objectif de l’Autorité est de recueillir l’appréhension des divers marchés pour se forger une opinion.

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Pour tenter de dissiper les éventuels problèmes concurrentiels, Canal+ a pris les devants en  proposant des engagements il y a trois semaines au gendarme de la concurrence. Mais ses arguments n’ont pas convaincu. Comment Canal+ peut-il aujourd’hui réagir pour espérer sauver l’affaire ?

Olivier de CHAZEAUX

Dans le cadre de cette phase 2 soumise par l’Autorité de la concurrence, Canal+ doit simplement revoir ses engagements. Nous assistons aujourd’hui à un rapport de force entre les représentants des «cartels» de la télévision gratuite et Canal+ qui débarque sur ces platebandes. La crainte des chaînes historiques est de perdre des parts de marché publicitaire. Sur ce point précis, il est intéressant que l’Autorité de la concurrence ne l’ait pas relevé dans son communiqué de presse. A travers cette affaire, nous pouvons craindre l’arriver d’une lutte plus politique que juridique. Dans un paysage audiovisuel qui évolue considérablement, avec des acteurs en mouvement, et où chacun possédait ses pré-carrés, nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère dans le domaine télévisuel.

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Acteur dominant de la télévision payante, le groupe Canal+ a un accès privilégié aux contenus vendus par les majors américaines pour sa chaîne cryptée. Est-ce le cœur du problème ?

Olivier de CHAZEAUX

Au delà des relations particulières et privilégiées qui existent entre les majors et le groupe Canal+ – qui pourrait être tenté de négocier parallèlement avec ses ayants droit la possibilité de diffuser ces mêmes programmes en clair sur Direct 8 – le marché audiovisuel est préempté par les principaux acteurs de la télévision (TF1, France Télévisions, M6), au détriment d’autres acteurs (tels que la TNT) qui n’ont pas accès à la même qualité de catalogue. L’égalité ne serait pas effective entre ces différentes chaînes. Cette affaire pourrait éclairer le débat sur la circulation des œuvres entre l’ensemble des acteurs de l’audiovisuel payant et gratuit.