Raconter la Grande Guerre : les chaînes de tv rivalisent d’initiatives

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Comment raconter la Grande Guerre en images? Alors que les commémorations se multiplient, les chaînes de télévision rivalisent d’initiatives différentes, des archives colorisées de la série «Apocalypse, la Première Guerre mondiale», depuis mardi soir sur France 2, au docu-fiction «14, des armes et des mots» sur Arte. 

Réalisé par Isabelle Clarke et Daniel Costelle, déjà auteurs à succès de «Apocalypse, la Deuxième Guerre mondiale» en 2009 (plus de 100 millions de téléspectateurs dans le monde) et de «Apocalypse Hitler» en 2011, «Apocalypse, la Première Guerre mondiale» poursuit la démarche des précédents volets: faire revivre l’Histoire en s’appuyant sur la colorisation d’archives, la sonorisation des séquences et un montage énergique et spectaculaire, accompagné par la voix off de Mathieu Kassovitz. Il a fallu 2 ans et demi pour produire et réaliser cette série documentaire en 5 épisodes, qui veut «imbriquer, tisser la grande histoire «officielle», les témoignages, l’objectif, le subjectif», selon Isabelle Clarke. Un travail minutieux et titanesque, même si le rendu n’a pas échappé à certaines critiques d’historiens, qui regrettent notamment des parti-pris dans le commentaire. Les réalisateurs ont pu bénéficier d’un matériau de choix: 500 heures d’archives, pour moitié inédites, avec des images du monde entier, de l’Australie à la Suède en passant par le Canada, ou des documents amateurs, tels que ceux de la famille Ferrari qui s’est filmée tout au long de la guerre.  La colorisation, qui vise à rendre la série plus réelle, plus vivante et plus grand public, a demandé 47 semaines, avec d’importantes recherches historiques pour retrouver les couleurs de l’époque. 

Face à ce projet d’envergure, Arte, qui a déjà consacré un week-end aux prémisses de la guerre, propose elle aussi sa série documentaire ambitieuse, «14, des armes et des mots», qui sera diffusée les mardi soir à partir du 29 avril, avec un angle d’approche différent. Coproduction européenne menée par la France et l’Allemagne mais faisant intervenir une vingtaine de pays, cette série en 8 épisodes veut aborder l’événement sous un angle humain et personnel. Elle s’appuie pour cela sur des témoignages, journaux intimes et correspondance de 14 témoins et acteurs de la guerre, de différentes nationalités, hommes ou femmes, adultes ou enfants, connus ou inconnus. Le réalisateur allemand Jan Peter a ensuite choisi de mêler images d’archives en noir et blanc et séquences de fiction en couleur, basées intégralement sur les journaux et lettres des témoins. En cette année de centenaire, la Première Guerre mondiale se déclinera aussi en fiction. France 3 misera notamment à l’automne sur la série en 6 épisodes «Ceux de 14», adaptation du livre éponyme de Maurice Genevoix, récit  de la guerre vécue par le jeune auteur.  Côté documentaires, France 3 mettra l’accent sur des sujets ciblés, avec 2 films diffusés à l’automne: l’un consacré aux femmes pendant la guerre en France («Elles étaient en guerre», tout en archives colorisées) et l’autre sur la désobéissance militaire («14-18, refuser la guerre»).