Diego BUÑUEL (Canal+) : «Au profit du Prime, nous abandonnons dès 2017 les docs en 2nd partie de soirée»

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Diego BUÑUEL, Directeur des Documentaires de Canal+

Dans le cadre du «Sunny Side of The Doc», le marché documentaire qui se tient actuellement à La Rochelle, média+ s’est entretenu avec Diego BUÑUEL, Directeur des Documentaires de Canal+. Il nous explique la nouvelle vision mise en place autour du genre documentaire sur la chaîne cryptée.

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Comment déterminez-vous la politique documentaire de Canal+ ?

Diego BUÑUEL 

Depuis un an, nous avons une vision stratégique pour investir davantage sur les documentaires de prestige en Prime Time pour nos abonnés. Sur la saison à venir, nous proposerons une dizaine de films de 90’. En parallèle, nous abandonnons dès janvier 2017 les documentaires de 52’ en seconde partie de soirée. Ces films, aux budgets de 120.000 € environ, ne faisaient pas suffisamment d’audience. Nous allons donc réinjecter cet argent dans les premières parties de soirée. Tous les documentaires lancés en production à partir de 2017 seront tournés en 4K.

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Votre optique est-elle de commander des films «exportables» ?

Diego BUÑUEL 

Nous avons surtout l’ambition de créer des documentaires qui auront une visibilité à l’international. Ce fut le cas l’année dernière pour «Daft Punk Unchained» vendu dans plusieurs pays. Le film «Relève» consacré au travail de Benjamin Millepied a été sélectionné au festival de Tribeca à New-York et à Shefield. Sans oublier «Dans l’ombre de Teddy Riner», présenté récemment au Festival de Cannes.

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Quels sont les points forts à venir en matière de documentaires ?

Diego BUÑUEL 

À venir, «Exode» (BBC-Keo Fils), un film tourné sur 12 mois, qui a pour but de marquer les esprits sur le destin bouleversant de migrants partis à l’assaut de l’Europe. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce film n’est pas anxiogène. Nous avons usé de plusieurs moyens de captation. Plus d’une centaine de téléphones portables équipés d’une application vidéo ont été distribués à des migrants. Une équipe de tournage a été dépêchée sur place. Et des interviews ont été réalisées en studio. La dimension humaine est très puissante sur ce film qui fera date. Autre documentaire à venir, «L’industrie du X» (Magneto Presse) écrit et réalisé par Ovidie qui explique pourquoi le milieu du X n’a jamais été aussi mal en point économiquement. Nous ferons une immersion avec «Game Fever» (ZED Productions) dans le monde de l’e-sport et du jeu vidéo. Enfin,  retenez «Le Studio de la Terreur» (CapaTV) qui lève le voile sur la propagande audiovisuelle façonnée par les djihadistes, ou encore «Instinct Primaire» (BrotherFilms) axé sur la primaire de droite, raconté comme un polar, en noir et blanc.

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Quelles tendances aborderez-vous en 2017 ?

Diego BUÑUEL 

Je ne recherche pas les tendances. Si une histoire est bonne, les gens seront présents. Je fonctionne au coup de cœur. Nous aborderons en 2017 des sujets liés au bitcoin, aux arnaqueurs mais aussi à la cuisine et au sport. Aucune étude n’a été faite depuis que j’ai repris les documentaires sur Canal+. Mais je sais que le documentaire fait partie des attentes de nos abonnés.

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Quelle est votre logique en matière d’acquisition de documentaires ?

Diego BUÑUEL 

A l’époque, nous achetions de grands films que l’on diffusait à 22h30 parce que nous ne les avions pas produits. Aujourd’hui, il me semble important de les diffuser en Prime car nous disposons tout de même des meilleurs films du marché. Nous poursuivons dans cette voie puisque le public est au rendez-vous. Parmi nos dernières acquisitions, «Meru, l’ascension impossible» qui raconte l’aventure des trois meilleurs alpinistes au monde qui s’attaquent à la seule montagne jamais explorée.