En accueillant ProSiebenSat1, le Dax s’ouvre aux médias

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L’arrivée prévue du groupe allemand de télévision ProSiebenSat1 sur le Dax marque l’ouverture au secteur des médias et une diversification bienvenue de l’indice vedette de la Bourse de Francfort, encore largement dominé par les valeurs industrielles. Le 21 mars sera jour de fête pour le groupe de Munich de 4.800 employés et 3,3 milliards d’euros de c.a.. Pour la 1ère fois, son nom s’affichera sur les écrans boursiers aux côtés de Thyssenkrupp, Siemens, Volkswagen et autres Deutsche Bank, le petit cercle des 30 principales entreprises allemandes cotées, a annoncé jeudi soir l’opérateur boursier Deutsche Börse, qui passe régulièrement en revue la composition de ses indices. Propriétaire des chaînes grand public allemandes ProSieben, Sat1 et Kabel Eins, ProSiebenSat1, créé en 2000, y remplace le fabricant d’engrais K+S. Membre du Dax depuis 2008, son cours a chuté de 12% depuis le début de l’année, sur fond de difficultés sur le marché de la potasse et après une tentative de rachat hostile du canadien Potash. Cette ouverture du Dax, petit nom du «Deutscher AktienindeX», à un nouveau secteur économique, celui des médias, est considérée «sur le fond comme positive» par Robert Halver, analyste pour la Baader Bank, car les indices «devraient toujours représenter une image des branches qu’il y a en Allemagne». Déjà à l’automne 2015 l’immobilier a fait son entrée dans le Dax avec Vonovia.  L’Allemagne n’est pas en manque d’importants groupes de médias, mais ceux-ci ne sont pas très friands d’exposition boursière. Coté sur le MDax, Axel Springer («Bild», SeLoger…) est encore en grande partie détenue par la veuve de son fondateur. Son grand concurrent, Bertelsmann, propriétaire de Random House et Gruner+Jahr («Geo», «Gala»), a pour l’heure toujours refusé de faire appel au marché pour se financer. Les titres de sa filiale de radio-télévision RTL s’échangent surtout à Bruxelles. Quant à l’autre grand groupe de télé allemand, Sky Deutschland, il a migré de la Bourse de Francfort à celle de Londres, quand le britannique BSkyB l’a racheté en 2014. La diversification de l’indice vedette de la place francfortoise, toujours fortement ancré dans les valeurs industrielles et exportatrices et assez peu dans les services, pourrait lui permettre à long terme de limiter sa sensibilité à la conjoncture mondiale, cause de douloureuses montagnes russes ces derniers mois. Entre chute des cours du pétrole, péripéties de l’économie chinoise et défiance à l’égard des banques, le Dax s’est affaissé de 9% depuis le début de l’année, Deutsche Bank affichant -20% au compteur et BMW -16%. ProSiebenSat1 s’est hissé de 0,5% sur la même période.  «Nous voyons cet avancement comme une reconnaissance de notre travail des dernières années et une incitation à poursuivre à l’avenir notre stratégie de croissance diversifiée», s’est réjoui le patron de ProSiebenSat.1 Thomas Ebeling. Le groupe a dévoilé la semaine dernière des bénéfices record pour l’année 2015, une part d’audimat en Allemagne jamais atteinte depuis dix ans (29,5%) et un dividende fortement augmenté. Anticipant la décision de Deutsche Börse, M. Ebeling parlait alors de «joie et fierté». Cela devrait aussi donner à son groupe davantage de visibilité et donc d’attrait pour les investisseurs, et faciliter toute éventuelle recherche d’argent frais. Fort d’une capitalisation boursière de 10 milliards d’euros, avec quasiment la totalité de son capital en Bourse depuis la revente de leurs parts par les fonds KKR et Permira en 2014, ProSiebenSat.1 est pourtant un rescapé boursier. Après un mariage raté aux milieux des années 2000 avec Axel Springer, des achats non judicieux et une crise du marché publicitaire, ProSiebenSat.1 croulait sous les dettes et son action valait moins de deux euros en 2009, un «penny stock» en jargon boursier. Vendredi à 08h30 GMT l’action valait 46,86 euros (+0,31%), un prix toutefois jugé «cher» par les analystes de Berenberg.