Accusé de «censure», YouTube menacé en Russie par des appels à des mesures punitives qui se multiplient dans le pays

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Accusé ce jeudi 24 mars de «censure», YouTube, le service vidéo de Google, est menacé en Russie par des appels à des mesures punitives qui se multiplient dans le pays, après que plusieurs médias et réseaux sociaux ont déjà été bloqués ces dernières semaines. «Une censure ouverte de la part des plateformes numériques doit avoir des conséquences conformément aux normes de la loi russe», a demandé le président de l’Union russe des journalistes, Vladimir Soloviov, cité par l’agence Interfax. «Nous appelons les autorités russes à réagir à cette situation et à prendre des mesures appropriées envers la compagnie Google et son service vidéo YouTube», a-t-il lancé, en précisant que cette demande sera déposée auprès du Parquet, du ministère des Affaires étrangères et du gendarme des télécommunications Roskomnadzor. Ce dernier a exigé jeudi que YouTube cesse le blocage du compte de Sergueï Aksionov, le dirigeant prorusse de la péninsule ukrainienne de Crimée, annexée par Moscou en 2014. «YouTube est devenu un instrument de censure sélective dirigée contre les médias russes, les ressources d’importance sociale et des figures politiques», a dénoncé Roskomnadzor sur Telegram. Pour sa part, la holding russe Gazprom Media a dénoncé jeudi le blocage par YouTube en mars des chaînes de télévision russe NTV et TNT qu’elle dirige. «NTV et TNT ont été partenaires de cette plateforme pendant de longues années, ont investi de manière systématique dans leur promotion, et la décision de les bloquer pour des millions d’abonnés était une surprise absolue», a indiqué la holding dans un communiqué, dénonçant «les motivations politiques» de YouTube.Le groupe médiatique d’État Rossia Segodnia a dénoncé, lui, le blocage par YouTube des ressources d’information de son agence de presse Sputnik. «Toutes les ressources de Sputnik en 32 langues sont inaccessibles, YouTube les a bloquées», a affirmé la porte-parole du groupe, Anna Starkova, citée par l’agence RIA Novosti. Roskomnadzor a déjà taxé la semaine dernière Google et YouTube d’activités «terroristes», première étape vers un possible blocage du site comme l’ont été Twitter, Instagram et plusieurs autres sites ces dernières semaines. Selon le gendarme russe des télécoms, des utilisateurs de YouTube «diffusent des publicités avec des appels à mettre hors service les communications ferroviaires de la Russie et du Bélarus», pays allié de Moscou depuis lequel est menée l’offensive sur le nord de l’Ukraine. La Russie est un des pays les plus restrictifs en matière de liberté de la presse et d’expression. La situation s’est encore détériorée depuis le déclenchement de l’offensive contre l’Ukraine le 24 février, avec le blocage de la plupart des médias indépendants qui subsistaient.