Argentine : le président ultralibéral Javier Milei s’en prend à une star pop «subventionnée»

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Le président ultralibéral Javier Milei s’est mis le monde musical et culturel argentin à dos en s’en prenant à une chanteuse célèbre en Amérique Latine, Lali, qu’il a accusée d’»affamer des enfants», en raison de spectacles subventionnés par des fonds publics.

Les médias argentins reproduisent amplement ces deniers jours les échanges entre le chef d’Etat et Lali Esposito, une actrice et artiste pop/hip-hop latino de 32 ans, connue aussi pour ses positions féministes et en défense de l’avortement, avant sa légalisation en Argentine en 2021.

Entre autres amabilités, sur les réseaux sociaux ou dans de récentes interviews, le président a raillé la chanteuse en l’appelant «Lali Deposito» (jeu de mots avec son nom et Deposito, pour dépôt bancaire) pour selon lui accepter d’être «payée par l’Etat».

«Elle vit des contribuables, de gens qui paient des impôts, au détriment de la faim des enfants», a lancé M. Milei. Une des cibles constantes du président résolu a déréguler est la moindre mise à contribution de l’Etat, en l’occurrence des concerts ou des festivals qui bien que privés bénéficient de subventions publiques. Mais Javier Milei n’a pas oublié non plus que Lali avait exprimé publiquement son rejet de sa candidature après ses premiers succès électoraux : «Comme c’est dangereux. Comme c’est triste», avait-elle notamment tweeté en août. Dans une réponse à M. Milei, Lali Esposito réplique que, depuis ses débuts à la télévision, puis en musique, elle «ne connaît rien d’autre que le travail et c’est comme ça que (je) gagne mon argent».

«Je respecte, même si je ne le partage pas, que votre projet tourne le dos à la culture ou n’en fasse pas une priorité mais (…) diaboliser une industrie et des personnes en son sein n’est pas la solution», poursuit-elle sur son compte X.

De Bizarrap, DJ rap latino et artiste argentin le plus écouté au monde, à Nicki Nicole, Maria Becerra, star de pop urbaine et reggaeton, toute la scène argentine de musique moderne a exprimé son soutien à Lali Esposito, tout comme des producteurs, des influenceurs et des responsables politiques.

Et de dénoncer «l’asymétrie» consistant à «s’attaquer en personne à une artiste du haut du pouvoir de l’Etat», à l’instar de Carolina Piparo, une députée indépendante pourtant il y a peu proche de M. Milei.

«C’est de la violence (…) qui n’a pour but que de la faire taire», a écrit Maria Becerra. «Cela nous rappelle un chapitre sombre de l’histoire de notre pays».