Commission d’enquête TNT: son président dans le viseur après son passage sur le plateau de Cyril Hanouna

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Une pluie de critiques et des appels à la démission à gauche: le député Renaissance Quentin Bataillon, président de la commission d’enquête sur les fréquences télé, est dans le viseur après son passage mardi sur le plateau de Cyril Hanouna, qu’il avait auditionné. Les reproches ont été avivés par le fait que l’élu de la majorité présidentielle a critiqué le concurrent de Cyril Hanouna, l’animateur Yann Barthès, qu’il avait également auditionné. En cause, une trentaine de minutes d’interview du député de la Loire dans l’émission «Touche pas à mon poste» sur C8, alors que les travaux de la commission s’achèveront seulement début mai. En attendant ses conclusions, il faut «faire preuve de réserve et de discernement» dans les «prises de position» publiques, l’a sermonné la présidente de l’Assemblée nationale (AN), Yaël Braun-Pivet. Selon l’entourage de Sylvain Maillard, président du groupe Renaissance à l’AN, ce dernier a appelé M. Bataillon mardi soir «pour lui reprocher les propos qu’il a tenus». Les condamnations les plus vives viennent de la gauche. «Le président de la commission d’enquête TNT couvre Hanouna, pourtant largement sanctionné par l’Arcom», le régulateur de l’audiovisuel, s’est élevé Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise, dont les députés sont à l’origine de cette commission. «Le macronisme s’enfonce dans la collusion avec Bolloré», milliardaire conservateur qui contrôle le groupe Canal+ comprenant C8, juge M. Bompard. «Quentin Bataillon est disqualifié, il ne peut plus présider cette commission», martèle-t-il. C’est «un véritable scandale», pour la maire de Paris (PS), Anne Hidalgo, qui a aussi appelé à la démission de M. Bataillon. La députée écologiste, Sophie Taillé-Polian, a annoncé avoir saisi le déontologue de l’Assemblée nationale, en demandant «la révocation» de M. Bataillon. Face à un Cyril Hanouna qui buvait du petit lait, le député de 30 ans a critiqué en direct «l’attitude assez arrogante» qu’avait, selon lui, Yann Barthès lors de son audition. «C’est la 1ère fois que je me suis énervé», a commenté M. Bataillon au sujet du présentateur de «Quotidien», sur TMC. Pour l’Insoumis Aurélien Saintoul, rapporteur de la commission, cette «manoeuvre de dénigrement (…) constitue une faute». Les rapports entre lui et le président se sont tendus au fil des auditions, de celle de Vincent Bolloré à celle de la ministre de la Culture, Rachida Dati. Le groupe TF1, propriétaire de TMC, s’est de son côté dit «surpris tant dans la forme que dans le fond par les déclarations médiatiques» de Quentin Bataillon, alors même que le rapport de la commission «n’est pas encore rendu». Pourquoi être allé chez le controversé Cyril Hanouna? «Ça passe très mal, beaucoup de députés se demandent ce qui lui a pris», a-t-on avoué dans l’entourage de M. Maillard. Féru d’audiovisuel et d’allure sage, M. Bataillon n’est pas un amateur: il a été conseiller de Franck Riester alors ministre de la Culture, avant d’être élu député en 2022. Il est un interlocuteur régulier de Mme Dati, dont il était voisin quand elle était eurodéputée et lui assistant de l’élue de droite Françoise Grossetête. Dans TPMP, il a fait de la pédagogie sur les travaux de la commission, consacrée à l’attribution des fréquences TNT, dont celles de C8 et CNews (groupe Canal+) remises en jeu cette année. Il a dit vouloir «sortir de la chasse aux sorcières, de la chasse aux animateurs, aux journalistes, aux chaînes», alors que celles dans le giron de Vincent Bolloré sont dans le viseur de LFI. Par le biais de cette émission-phare du début de soirée, Quentin Bataillon s’est aussi adressé à un certain électorat populaire: «Parfois, le mépris que certains peuvent avoir pour votre émission se reporte sur ceux qui la regardent».