«Debtocracy appelle les Grecs à se débarrasser de leur «odieuse» dette

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Résolument engagé à gauche mais très argumenté, le film documentaire «Debtocracy» diffusé sur Internet rencontre depuis des mois un large public en appelant les Grecs à se débarrasser de leur «odieuse» dette, suivant l’exemple de l’Equateur. Financé par les internautes grecs et libre de droits, le documentaire (visible sur Youtube ou www.debtocracy.gr) a été vu par plus de 2 millions d’internautes depuis avril et diffusé sur plusieurs télévisions étrangères, y compris au Japon, témoigne son co-réalisateur Aris Chatzistefanou, 34 ans. «La télé publique grecque a refusé de le diffuser», ajoute cet ancien journaliste de la BBC World Service, licencié de la radio privée grecque Skaï quelques jours avant la mise en ligne du documentaire. Aris Chatzistefanou voulait à l’origine tourner un court reportage sur l’expérience équatorienne, mais face à l’afflux des dons des internautes (16.000 euros), il a pu réaliser un documentaire de 75’ à base d’entretiens avec des économistes de gauche aux 4 coins de la planète. «Si ceux qui ont provoqué la crise ne veulent pas payer, pourquoi devrions-nous payer, nous?» est la question qui sert de fil rouge. Pour y répondre, le film renvoie à l’expérience équatorienne. Quand Rafael Correa, un jeune économiste, est arrivé au pouvoir en Equateur en 2006, l’une de ses 1ères mesures a été de congédier les représentants de la Banque Mondiale et du FMI puis de mettre sur pied une Commission d’audit de la dette qui a dénoncé comme illégaux une bonne partie des contrats passés par les précédents gouvernements avec les bailleurs de fonds du pays. Le président de l’Equateur s’est lui-même appuyé sur la notion, fondée juridiquement, de «dette odieuse». Pour qu’une dette soit déclarée «odieuse», il faut notamment que «le régime ait contracté les prêts sans l’assentiment du peuple» et qu’ils aient été gaspillés dans des activités contraires à l’intérêt du peuple», postule le film.  Cette notion pourrait-elle être appliquée à la Grèce? Le documentaire répond par l’affirmative.