Entretien avec Rodolphe BELMER, Directeur Général de Canal+

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Dans quelle mesure la série «Borgia» est importante pour Canal+?
Rodolphe BELMER
C’est une création originale de grande ampleur, avec 12 épisodes, financée par un budget conséquent de 30 millions d’euros. Canal+ apporte un peu moins de 8 millions. Les autres partenaires sont Lagardere Entertainment (France) et Beta Film (Allemagne). On souhaite développer et piloter des grands projets européens, bien écrits, très spectaculaires et capables d’être diffusés partout dans le monde.
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Pourquoi se lancer dans de telles coproductions?
Rodolphe BELMER
On rentre dans une période de globalisation, avec tout un tas de nouveaux acteurs comme Google, Apple ou Netflix qui exercent une concurrence très vive sur les acteurs médias traditionnels. Aujourd’hui, le téléspectateur ou l’internaute a accès à un choix extrêmement riche de programmes, principalement américains, et sur tous les supports. Pour résister, il faut avoir des programmes exclusifs très forts. On peut continuer à exciter les gens avec une programmation propre, qui va s’abstraire de cette nouvelle concurrence. Pour Canal+, il faut des séries riches, innovantes, qui donnent envie de s’abonner.
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Le ministre de la Culture et de la Communication Frédéric Mitterrand a parlé de «tsunami» en évoquant le développement de la TV connectée…
Rodolphe BELMER
Tout le monde dit que la TNT (qui permet d’offrir aujourd’hui 18 chaînes gratuites aux téléspectateurs, NDLR) a beaucoup ébranlé les chaînes historiques. Mais ce qui se prépare sur internet, c’est la TNT x 100».
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Quelles sont donc les principales menaces pour les chaînes?
Rodolphe BELMER
La fragmentation et la désintermédiation. Avec énormément de contenus disponibles, les chaînes vont voir leur audience se réduire, et donc leur capacité à investir se réduire aussi: c’est la fragmentation. Et puis les acteurs comme Google ou Netflix vont pouvoir acheter des droits sur plusieurs pays et les amener directement aux téléspectateurs sans être obligés de passer par une chaîne: c’est la désintermédiation».