Eté morose à Europe 1, où s’accumulent les départs consentis ou forcés

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«Ambiance d’enterrement», «douloureuse», «hyper triste»… L’été est morose à Europe 1, où s’accumulent les départs consentis ou forcés, tandis que de multiples voix issues de CNews s’apprêtent à «déferler» sur la grille de la radio sous la main de son principal actionnaire Vincent Bolloré. «Bon courage à tous ceux qui partent et tous ceux qui restent», a lancé vendredi Matthieu Belliard, à l’issue d’une dernière matinale pleine d’émotion. «Il y a eu beaucoup de larmes vendredi, je n’ai jamais vu de pots de départ aussi tristes», a raconté un ex-salarié de la station qui a requis l’anonymat. Débarqué après deux saisons sur la tranche la plus stratégique, Matthieu Belliard sera remplacé à la rentrée par Dimitri Pavlenko, transfuge de Radio Classique et surtout co-équipier d’Eric Zemmour dans «Face à l’info» sur CNews. Exit aussi l’humoriste Bertrand Chameroy, licencié la semaine dernière alors qu’il avait signé dès l’automne pour une 2ème saison, selon des informations du site Les Jours confirmés par une source interne. Confirmé également, le départ de Patrick Cohen, attendu sur France Culture et que pourrait remplacer le matinalier de CNews, Romain Desarbres, à la mi-journée, selon «Le Parisien». S’y ajoutent les sorties de Pascale Clark, Anne Roumanoff, Wendy Bouchard, Jimmy Mohamed, Emilie Mazoyer ou encore Sophie Larmoyer, aux manettes de l’émission «Carnets du monde» depuis… 2005, bientôt rejoints par beaucoup d’autres salariés moins connus. Le plan de départs volontaires lancé au printemps pour redresser les comptes d’une radio qui perd «26 millions d’euros» par an, selon son patron Arnaud Lagardère, avait ainsi recueilli mardi, jour de sa clôture, au moins 77 candidatures pour… 48 places maximum et 39 postes initialement visés (sur un total d’environ 330 salariés permanents), assure un journaliste, qui espère voir son dossier accepté. Malgré une grève historique de 5 jours, motivée par la mise à pied d’un reporter et la crainte d’une transformation de la radio en «média d’opinion» au gré des rapprochements avec CNews, l’heure est à la résignation. «On a presque tourné la page, c’est assez triste», commente ce journaliste, moins d’une semaine après un rassemblement de salariés devant la station contre «l’emprise croissante» de Vincent Bolloré dans les médias. Preuve du découragement des troupes, les recalés du plan de départs devraient se voir proposer un autre dispositif de sortie, une «avancée» obtenue auprès de la direction à l’issue de la grève. Pendant ce temps, les salariés découvrent les noms des potentiels nouveaux arrivants dans «Le Parisien»: le matinalier du week-end de CNews, Thomas Lequertier, ou encore les 2 figures de Canal+ Laurie Cholewa et Mouloud Achour, qui viennent allonger la liste inaugurée notamment par Laurence Ferrari, qui hérite d’une émission commune à CNews et Europe 1. «Ce ne sont plus des ponts» avec le groupe Canal+, filiale de Vivendi, «c’est une déferlante Bolloré», s’indigne encore le journaliste. «Dire qu’Europe 1 passe sous la coupe de Vivendi, c’est un fantasme qui frôle le complotisme», avait pourtant assuré Arnaud Lagardère, officialisant les «synergies» voulues avec le principal actionnaire du groupe hérité de son père, en pleine grève. «Je crains qu’on soit tous complotistes», ironise Eva Roque, qui a décidé de partir au bout de dix ans, «bousculée» par un management «violent» et fatiguée des changements de grille incessants, en partie responsables selon elle de la fuite des auditeurs. Un ancien collègue salue des «salariés qui se défoncent depuis des années» pour finalement s’entendre dire «si vous n’êtes pas contents, vous dégagez. C’est triste à mourir». Beaucoup s’interrogent sur le sort de l’imitateur vedette Nicolas Canteloup, déchaîné lors de sa dernière chronique, dans laquelle il a rebaptisé Europe 1 «CNews Radio» et raillé le «grand capitaine breton» Bolloré.