Facebook au secours du journalisme?

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World Economic Forum, WEF, in Davos, Switzerland - 20 Jan 2017
Mandatory Credit: Photo by GIAN EHRENZELLER/EPA/REX/Shutterstock (7916860az) The facebook logo inside the facebook Chalet on the sideline of the 47th annual meeting of the World Economic Forum, WEF, in Davos, Switzerland, 20 January 2017. The meeting brings together enterpreneurs, scientists, chief executive and political leaders in Davos January 17 to 20. World Economic Forum, WEF, in Davos, Switzerland - 20 Jan 2017

Facebook au secours du journalisme? Le réseau social a annoncé mardi investir 300 millions de dollars sur 3 ans, majoritairement aux Etats-Unis, dans des projets visant à favoriser l’information locale, qui souffre particulièrement de la prédominance d’internet. «Nous allons continuer à lutter contre les fausses informations («fake news»), la désinformation et les informations de mauvaise qualité», a expliqué Campbell Brown, vice-présidente en charge des partenariats avec les médias, «mais nous avons aussi l’opportunité et la responsabilité d’aider les médias locaux à croître et réussir». Début janvier 2017, le réseau social avait déjà lancé le «Facebook Journalism Project», afin notamment de «renforcer les liens» de la plateforme avec l’industrie des médias. A l’époque, il s’agissait essentiellement de proposer aux médias des solutions pour améliorer les revenus qu’ils tiraient de leur présence sur Facebook et de développer les échanges entre le réseau social et les organes de presse. La plateforme aux 2,2 milliards d’utilisateurs actifs a décidé d’aller beaucoup plus loin à travers une multitude de projets, déjà existants ou qui vont être lancés pour l’occasion. Facebook va, entre autres, créer un fonds spécial en collaboration avec le Pulitzer Center, doté de 5 millions de dollars, qui soutiendra financièrement des projets de reportage soumis par des médias locaux. Une partie de l’enveloppe de 300 millions de dollars a déjà été investie dans des projets lancés ces derniers mois. Depuis que Facebook est devenu une plateforme incontournable pour la plupart des éditeurs de presse, les relations entre le réseau social et les médias sont contrastées. Beaucoup de groupes de presse reprochent à Facebook de ne pas suffisamment partager les revenus tirés des contenus qu’ils publient sur la plateforme. L’outil «Instant Articles», qui permet aux éditeurs d’héberger directement leurs articles sur la plateforme, a notamment été très critiqué, au point que nombre d’entre eux en ont réduit ou arrêté l’utilisation. En janvier 2018, Facebook a par ailleurs annoncé le recentrage de son fil d’actualité vers les proches et les «amis», chamboulant le modèle économique de nombreux médias pour qui le réseau social était une composante essentielle. «Nous ne voulons pas que les éditeurs soient dépendants de nous, mais nous voulons les soutenir», a expliqué Campbell Brown au spécialiste des médias de la chaîne CNN, Brian Stelter. «Nous pouvons être une partie de la solution, mais pas tout solutionner», a-t-elle ajouté. Facebook propose actuellement des fils d’actualité locaux dans plus de 400 villes américaines, qui reprennent des informations publiées par les sites d’information locaux mais aussi par des acteurs institutionnels (pompiers, mairie, police). Des régions américaines entières sont aujourd’hui privées d’information locale, selon une étude publiée mi-octobre par l’université de Caroline du Nord, une situation en partie due à la disparition de 20% des journaux depuis 2004 aux Etats-Unis. «Les médias locaux ont souffert de dommages collatéraux liés à l’hostilité envers les médias nationaux, mais ils sont essentiels au fonctionnement d’une démocratie», a commenté Ken Paulson, directeur du Free Speech Center de l’université de Middle Tennesse State. L’initiative annoncée lundi par Facebook concerne également l’Europe, notamment via le programme Local Subscriptions Accelerator, qui vise à aider des journaux locaux à améliorer leur stratégie de recrutement de nouveaux abonnés. L’AFP participe au programme mondial de «factchecking» de Facebook, dans le cadre de contrats qui mobilisent une vingtaine de journalistes de l’agence. Si Facebook passe des contrats directement avec des organes de presse dans le cadre de son programme de vérification de l’information, le «Journalism Project» finance plutôt des organisations tiers, qui auront ensuite la responsabilité de soutenir financièrement un projet ou un média précis.