Frédéric VAULPRE, Directeur d’Eurodata TV Worldiwide

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Hier matin, Eurodata TV Worldwide organisait une conférence de presse consacrée à «Une année de Télévision dans le Monde: le digital redistribue les cartes». Pour nous en parler davantage, média+ s’est entretenu avec Frédéric VAULPRE, Directeur d’Eurodata TV Worldwide.

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Quels éléments impactent structurellement l’évolution du marché TV mondial ?

Frédéric VAULPRE

A travers notre étude, nous avons passé au crible plus de 100 territoires, 6.300 chaînes et 3 milliards de téléspectateurs. Nous observons une consommation télévisuelle mondiale extrêmement forte de 3h13’. Nous constatons aussi une évolution des usages, une montée en puissance du différé qui n’est plus anecdotique. Les acteurs historiques ainsi que les challengers bénéficient de cette nouvelle audience différée qui s’agrège au live. C’est une opportunité importante qui permet notamment de toucher les 18-24 ans. Vingt-six pays mesurent le visionnage en différé. Ces modes de consommation délinéarisés sont des apports à la durée d’écoute globale. Au Royaume-Uni par exemple, la durée d’écoute TV linéaire est de 3h13’. Avec le différé à 7 jours, elle s’élève à 3h40, soit 27’ supplémentaires. La promesse de l’ATAWAD (Any time, Anywhere, Any device) apparait dans les chiffres. Chaque écran a son propre type de consommation. Tablettes et smartphones génèrent des consommations de contenus TV et de vidéos distinctes.

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La corrélation entre audiences sociales et linéaires apparaît-elle enfin ?

Frédéric VAULPRE

Il existe un lien fort entre l’audience et les tweets. C’est évident. Mais nous ne sommes qu’au démarrage de ce chantier. Tirer des conclusions mondiales sur cet aspect serait prématuré. Les mesures ne sont pas homogènes partout dans le monde. Pour faire avancer les choses, Médiamétrie a lancé récemment une étude hebdomadaire : «Médiamétrie Twitter TV Ratings». Et ce qui drive la Social TV, c’est le sport, la téléréalité et les débats politiques. L’Europe est à la pointe concernant la prise en compte de ce nouveau périmètre.

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Le marché audiovisuel se restructure. Quel continent sort du lot ?

Frédéric VAULPRE

La bataille des contenus est mondiale. Tous les pays exportent. La Scandinavie qui était au départ un marché très local exporte considérablement aujourd’hui. La Turquie – qui a remplacé quelque part les séries égyptiennes dans de nombreux pays – réussit aussi à vendre ses formats. La France n’est pas en reste avec des succès comme «Les Témoins», «Braquo», «Les Revenants» ou la coproduction internationale «Versailles». Quant aux plateformes de diffusions, les acteurs traditionnels mènent des initiatives pour s’associer à de nouveaux supports. Vous savez, les 18-24 ans correspondent à l’audience de demain. Tous les diffuseurs veulent capter cette cible sur les quatre écrans. Ils sont donc obligés de s’adapter.

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Quels changements à venir pour le paysage audiovisuel mondial ?

Frédéric VAULPRE

L’écosystème audiovisuel subit une transformation. Et ce changement est porté par le multi-usages et le taux d’équipement en hausse. Nous avons déjà évoqué la force du différé notamment dans le cadre de programmes feuilletonnants. Et parallèlement, les acteurs historiques mènent des actions stratégiques pour faire face aux nouveaux entrants. Les piliers «contenus» et «distribution» doivent fonctionner ensemble pour optimiser à la fois les supports de diffusion et pousser le territoire de création. Sur l’aspect de la personnalisation, la donnée est devenue un élément clé, une vraie source de valeur. Les acteurs historiques et les nouveaux entrants convergent vers une meilleure compréhension des attentes et des usages des consommateurs. Ils sont les gagnants de l’hyper choix. Les marques de télévision seront les garants qui vont réconforter les téléspectateurs fasse à l’immensité de l’hyper choix.