G. NEAME (Carnival Films) : «Lorsque je produisais «Downton Abbey», un épisode coûtait 2 M£»

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Gareth NEAME, Producteur («Downton Abbey», «The Last Kingdom»)

Depuis la fin de la série phénomène «Downton Abbey», les rumeurs vont bon train concernant les potentielles suites et les déclinaisons. Son producteur, Gareth NEAME, Directeur général de Carnival Films, nous partage sa vision du métier sur le marché britannique, ses ambitions ainsi que ses projets en matière de séries TV. 

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Producteur anglais reconnu, comment vous positionnez-vous sur le marché TV ?

Gareth NEAME

A chaque projet, j’essaie d’avoir des idées simples tout en étant accompagné des meilleurs talents pour les mettre en oeuvre. Quant aux attentes des diffuseurs britanniques, elles sont assez faciles à comprendre. Ils sont à la recherche de productions de très bonne qualité quelque soit la thématique traitée. Produire une série populaire est d’ailleurs totalement compatible avec l’aspect qualitatif qu’elle arbore. Après avoir produit pendant six saisons «Downton Abbey», nous travaillons aujourd’hui sur «The Last Kingdom» pour la BBC et Netflix, «Lucky Man» sur une idée originale de Stan Lee pour Sky (acquis par TF1), et «Jamestown» sur les premiers côlons britanniques aux Etats-Unis au 16ème siècle.

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Comment abordez-vous la gestion du budget des séries ?

Gareth NEAME

Le diffuseur nous paye une licence en échange des droits qu’il possède. Les budgets de nos séries sont globalement plus élevés d’une saison à l’autre mais les contributions apportées par les diffuseurs demeurent les mêmes. Il faut donc trouver à chaque saison un plus grand pourcentage du budget à rechercher. Au Royaume-Uni, une chaîne apporte au minimum 35% du budget. Lorsque je produisais «Downton Abbey», un épisode coûtait 2 M£. Cette série, nous la fabriquions pour le marché local, sans forcément penser à l’aspect international. Il faut savoir produire les choses avec intégrité. Nous avons juste pensé au public britannique. Cela ne nous a pas empêché de la vendre partout dans le monde.

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Quel souvenir gardez-vous justement de cette parenthèse «Downton Abbey» ?

Gareth NEAME

Dans cette série, nous avons mis en commun les plus grands talents : producteurs, designers, acteurs. Cette équipe d’exception a travaillé ensemble pendant six saisons. Ils s’en souciaient beaucoup. Tout le monde se croyait le gardien de la série. Aujourd’hui, un projet de film est évoqué.

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Avez-vous des projets en cours avec la France ?

Gareth NEAME

Généralement, nous ne coproduisons pas avec la France. Il n’y a pas beaucoup de points en commun entre la télévision britannique et française. Il est donc complexe de faire le lien entre les deux. Mais de plus en plus, nous dialoguons avec STUDIOCANAL. D’ici les cinq prochaines années, il y aura, je l’imagine, plus de collaborations européennes. Quant aux coproductions internationales, cela reste tout de même compliqué à mettre en place.

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Que retenez-vous de vos collaborations avec le géant américain Netflix ?

Gareth NEAME

Les nouveaux entrants comme Netflix ont une particularité par rapport aux acteurs historiques, ils n’ont pas de passé et réagissent au marché tel qu’il est aujourd’hui. Les chaînes traditionnelles ont un héritage dans la façon dont ils travaillent. Elles ne peuvent donc pas réagir aussi rapidement. Quant à la créativité, il n’y a pas vraiment de différence. C’est une bonne chose pour l’audience et les créateurs d’avoir de nouvelles possibilités. Il y a dix ans en Grande Bretagne, si toutes les chaînes que je rencontrais me disaient non à un projet de comédie dramatique, c’en était terminé. Maintenant, nous pouvons rebondir sur le marché américain et les acteurs du streaming. Il y a tellement de possibilités différentes sur lesquelles rebondir. Parmi la masse de contenus disponibles, on se doit d’être dans les 10 meilleures séries d’un catalogue.