E. GRASSI (Eurovision) : «Le lobbying à l’Eurovision n’est pas un mythe»

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Edoardo GRASSI

Chef de Délégation de la France àl’Eurovision

Soirée événementielle en perspective samedi soir en direct sur France 2 à 21 heures avec la 62ème édition du «Concours Eurovision de la Chanson». Au total, 26 pays participeront à cette grande finale. Les détails avec Edoardo GRASSI, Chef de Délégation de la France à l’Eurovision.

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Avec près de 5M de téléspectateurs réunis devant l’Eurovision la saison passée sur France 2, comment la chaîne a-t-elle événementialisé sa soirée ?

Edoardo GRASSI

Chaque année, nous apportons une brique supplémentaire à la grande maison que nous essayons de construire. Grâce au plébiscite généré par le chanteur Amir la saison passée, l’attention du public et des médias a complètement changé autour de l’émission. Classé 6ème au dernier concours, Amir se joindra à l’équipe pour commenter la finale le 13 mai sur France 2 et soutenir Alma, qui représentera la France avec son titre «Requiem». France Télévisions a mis en œuvre depuis plusieurs semaines un dispositif d’envergure pour événementialiser et accompagner la diffusion de ce show international, suivi en 2016 par 204 millions de téléspectateurs en Europe, en Australie, et à travers le monde. Pour la première fois dans l’histoire de l’Eurovision, la finale sera retransmise simultanément, en exclusivité, sur grand écran dans les salles CGR.

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L’image longtemps «obsolète» du concours a-t-elle radicalement changé ?

Edoardo GRASSI

Le concours s’est foncièrement modernisé ces dernières années. Nous sommes partis sur de nouvelles bases extrêmement solides tout en restant très humbles. Chaque année, on repart de zéro. Mais objectivement, on ne change pas l’image d’un concours en 1 ou 2 ans. Il faut faire oublier la perception «obsolète» que le public a pu ressentir pendant des années. A cet effet, il faut plus de temps. Je suis convaincu que le jeune public a déjà un œil enjoué sur le programme.

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L’Eurovision, un mastodonte de production ?

Edoardo GRASSI

C’est gigantesque ! Le budget global de l’Eurovision, qui comprend le coût du plateau et l’organisation, est situé entre 15 et 20 M€. Paradoxalement, les chaînes qui diffusent le programme ne déboursent pas tant d’argent que ça. La France reverse à l’Eurovision un peu moins que le prix d’un Prime Time. D’ailleurs, le budget des 43 pays participants à l’Eurovision est de 5,2 M€. Une grande partie du coût de l’événement est assurée par la ville organisatrice, les sponsors ainsi que la chaîne qui capte l’Eurovision. D’un point de vue scénique, nous disposons d’un écran led de 70X11 mètres. Ce sont des dimensions que l’on voit rarement en télévision ou dans les mégas concerts.

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Quelles sont les principales contraintes rencontrées dans le cadre de l’Eurovision ?

Edoardo GRASSI

Il y a d’abord les deadline de remise de la chanson. Nous déposons via un site intranet toutes les infos liées à la mise en scène, à l’artiste et à nos intentions de réalisation. Le titre proposé doit durer 3 minutes dans n’importe quelle langue existante. La chanson doit être chantée en PBO. Durant la finale, il n’y a pas de musique jouée en live car logistiquement il serait impossible d’installer les instruments de 26 pays.

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Le lobbying à l’Eurovision, c’est un mythe ?

Edoardo GRASSI

Pas du tout, au contraire ! Je parlerais davantage de relationnel que de lobbying. Rien n’est imposé. Mais il est vrai qu’aujourd’hui, parler anglais entre chefs de délégation, partager nos avis, sympathiser, c’est fondamental.