Hervé RONY, Directeur général de la Scam

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Créée par les auteurs pour gérer leurs droits, la Scam (Société civile des auteurs multimedia) est aussi leur porte-parole, elle défend leurs intérêts professionnels, matériels et moraux. Pour nous parler des actualités en cours, média+ s’est entretenu avec Hervé RONY, DG de la Scam.

 

média+ : La Scam a pris connaissance du rapport de Marc Schwartz ainsi que des déclarations du gouvernement sur l’état de France Télévisions. De votre côté, quel bilan dressez-vous du mandat de Rémy Pflimlin ?

 

Hervé RONY : Concernant notre domaine de prédilection, à savoir la programmation ainsi que la politique d’investissement sur les documentaires et les magazines d’information, le bilan est plutôt honorable. Dans un contexte budgétaire difficile, Rémy Pflimlin, actuel Président de France Télévisions, a maintenu les 90 millions d’euros d’investissements dans le documentaire. En revanche, nous avons tous été un peu déstabilisés par les changements assez fréquents de dirigeants, directeurs de programmes et autres directeurs d’antenne. Nous avons rencontré, il y a plusieurs mois déjà, des tensions avec Rémy Pflimlin lors de la mise en place du «Grand Soir 3» (France 3) concernant des horaires de diffusion tardifs des documentaires. Quoi qu’on en dise, nous ne pouvons pas lui reprocher d’avoir garanti la création documentaire sur le service public. La vraie question concerne la prise de risque de France Télévisions aux heures de grande écoute. Nombreux sont les documentaires de société tout-à-fait intéressants, pouvant donner lieu à des débats, mais diffusés tardivement. Sur ce sujet, La Scam n’a pas toujours le sentiment que le service public souhaite entreprendre une politique volontariste sur ce genre de prise de risque. Parallèlement, nous savons que la tutelle demande depuis des années à France Télévisions d’être à la pointe de l’audience et de rivaliser avec TF1 tout en lui demandant de proposer des programmes culturels. C’est une situation d’autant plus compliqué sachant que le service public n’a pas d’autonomie budgétaire réelle. Une partie de son financement continue de dépendre de la bonne volonté du parlement.    

 

média+ : Jeudi 12 mars au Forum des Images à Paris, la Scam organise le colloque «Auteurs & Co». De quoi s’agit-il? Quelles seront les problématiques abordées ? Avez-vous déjà des éléments de réponses ?

 

Hervé RONY : Trois thématiques autour de tables-rondes seront mises en place. La première pose la question de la circulation des œuvres en Europe. Existe-t-il, indépendamment de la régulation, une Europe culturelle ? Pour ma part, je pense que l’Europe reste une mosaïque d’Etats qui culturellement sont très différents les uns des autres, ce qui rend difficile la cohabitation de la culture entre pays. La puissance culturelle américaine est prédominante. De cette problématique découle deux autres sujets : le droit d’auteur et le partage de la valeur. Le droit d’auteur d’abord n’est pas responsable de la fragmentation du marché culturel. Quant au partage de la valeur, il faut se pencher sur la situation de sociétés de types, Google, Facebook, Amazon, qui font de l’optimisation fiscale et qui créent indubitablement une situation de concurrence avec les sociétés européennes.

 

média+ : La Scam rassemble plus de 34.000 réalisateurs, auteurs, écrivains, traducteurs, journalistes, vidéastes, photographes et dessinateurs. Quelles sont leurs inquiétudes ?

 

Hervé RONY : Ilscraignent un affaiblissement de leur revenu. Ils subissent également une pression consumériste, c’est-à-dire que leurs œuvres doivent être montrées au plus grand nombre dans des conditions économiques de plus en plus plus faibles. Ce n’est pas parce que vous êtes vu par le plus grand nombre que vous allez mieux gagner votre vie. Nous pointons du doigt, le vrai problème de valeur de l’œuvre sur internet. A ce titre, il est très compliqué de lutter contre la présence illégale d’œuvres sur YouTube. Fort heureusement des producteurs ou encore la Scam continuent à défendre leurs droits et à être des agents économiques puissants dans le secteur culturel.