Internet des objets: la lutte s’engage pour contrôler le marché

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Le marché prometteur de l’internet des objets va confronter des géants comme Google à de nouveaux acteurs, alors que se pose la question de l’unification des normes de communication, ont observé jeudi dernier les experts de la conférence Digiworld à Montpellier. L’Idate, organisateur de la manifestation, estime que plus de 80 milliards d’objets connectés seront fonctionnels dans le monde en 2020, augmentant l’activité économique mondiale de 15.000 milliards de dollars dans les 20 ans qui viennent selon General Electric, par le biais de gains d’efficacité et de réductions de coûts, à la maison, en ville, sur le lieu de travail et dans tous les secteurs de l’économie. «L’internet des objets représente évidemment un changement majeur en terme de volume de données, mais il comprend énormément de sous-marchés dont le Machine-to-Machine (communications entre appareils, ndlr), les objets et vêtements connectés et les puces RFID (technologie d’identification électronique à lecture sans contact, ndlr)», a expliqué à Vincent Bonneau, responsable internet de l’Idate. «Plusieurs écosystèmes devraient cohabiter au début en fonction des législations particulières à chaque pays, ce qui implique aussi que des utilisateurs pourraient voir leurs données personnelles se retrouver dans des zones géographiques qui n’ont pas de règles de confidentialité très fortes», indique Stéphane Marcovitch, vice-président développement international de m2ocity, filiale d’Orange et de Veolia. Une solution satisfaisante pour que ces écosystèmes puissent communiquer devra être trouvée au risque, sinon, de menacer le principe même de l’internet des objets, qui repose sur le fait que chaque chose doit pouvoir être connectée au web pour échanger des informations. «Une donnée a plus de valeur quand elle est confrontée et croisée avec d’autres données», observe Vincent Bonneau, un constat qui met a priori en position de force les plus gros acteurs capables de gérer une telle masse d’informations, c’est-à-dire les Gafa (acronyme désignant Google, Apple, Facebook et Amazon). Mais malgré la puissance de ces géants américains, le contrôle des données ne leur est pas acquis. «Ce sera l’occasion pour de futurs acteurs majeurs d’entrer en scène, de nouveaux Google et Facebook vont émerger», assure Axel Hansmann, vice-président de Gemalto. Google a ainsi lancé en octobre le projet collaboratif «Physical Web», dont l’objectif est de simplifier les échanges entre applications en attribuant une adresse URL unique à chaque objet connecté via un émetteur bluetooth. D’autres consortiums entre industriels et développeurs comme OIC ou AllSeen ont été créés pour établir des standards et des normes de sécurité. Nouer des partenariats pourrait s’avérer utile pour beaucoup de sociétés intégrées verticalement qui ne sont pas habituées à interagir avec le consommateur. 

L’Idate estime qu’à l’horizon 2025 l’internet dans son ensemble sera probablement encore dominé par les Gafa qui se livreraient à une «guerre des plateformes», rejoints par de nouveaux protagonistes venus du «retail» comme Walmart, Tesco et peut-être Carrefour. Mais la lutte dans l’internet des objets s’annonce ouverte entre start-up au succès fulgurant, émergence de géants chinois et coréens, ou bien même retour en force de grands noms actuellement mal en point tels IBM, HP ou Dell. L’Europe, qui a perdu la bataille du smartphone, espère dans ce domaine héberger des acteurs puissants, à condition que ses dispositions réglementaires et fiscales soient plus pertinentes que jusqu’à présent.