J. CARDOZE (France 2) : « La montée en puissance des plateformes remet en cause beaucoup de schémas »

597

Et si c’était la fin de la télé, en tout cas de son modèle économique financé par la publicité? C’est l’une des questions que se pose «Complément d’Enquête», ce jeudi 11 juin sur France 2, à 22h50. L’occasion de nous entretenir avec Jacques CARDOZE, Journaliste & Présentateur du magazine de France 2.

media+

«Complément d’Enquête» s’intéresse à la télévision, c’est un exercice très introspectif !

Jacques CARDOZE

Oui, c’est exact ! Il faut dire que nous sommes à la croisée des chemins. La montée en puissance des plateformes remet en cause beaucoup de schémas. La période de confinement a joué un rôle d’accélérateur dans un processus déjà engagé avec l’émergence de plateformes et une surconsommation de la télévision linéaire, qui ne lui profite pas. Le marché publicitaire ne suit pas, et les gros annonceurs ont déserté au profit de petites marques. Quand j’étais correspondant aux États-Unis pendant 5 ans, j’ai moi-même profité de l’émergence des plateformes et notamment de Netflix qui est un mastodonte aux 180 millions de clients. J’ai d’ailleurs vu ses actions grimper de 40% cette année. Nous avons vu les courbes de consommation s’inverser outre-Atlantique. D’où la question de notre premier sujet : «Est-ce que Netflix va tuer la télé ?».

media+

Les plateformes vont-elles prendre le pas sur la télévision linéaire ?

Jacques CARDOZE

C’est la crainte. Le confinement a été un accélérateur de ce que l’on supposait. Il y a une montée en puissance des abonnements sur les plateformes et la télévision linéaire est finalement obligée de se «plateformiser». On le voit avec myCANAL, Arte et Salto. De l’autre côté, le marché publicitaire s’effrite. C’est un modèle fragile, qui se bouleverse. Il va y avoir beaucoup de casse. Certains professionnels de la télévision linéaire sont persuadés qu’il y a une place pour de gros programmes à la télé. C’est le cas aussi pour l’info, les jeux et la fiction de patrimoine. Mais la problématique concerne surtout les séries. La concurrence est rude. A ce jour, les deux industries (plateformes et TV) peuvent continuer à cohabiter, mais pour combien de temps ? On remarque aussi que les ados délaissent le petit écran au profit de YouTube et des jeux vidéo. 

media+

Ce qui amène à votre deuxième sujet : le phénomène mondial Fortnite. Un monde vraiment parallèle ?

Jacques CARDOZE

Oui, et ce n’est pas simplement un jeu. Les jeunes y passent du temps. Plus qu’un réseau social, les ados se créent des univers nouveaux, où l’on rejoint ses amis, et où il est possible de rencontrer des gens. C’est un monde parallèle qui va monter en puissance. Les spécialistes nous expliquent que c’est une forme d’avenir de la télévision. Fortnite est peut-être le Netflix de demain.

media+

Vous terminez votre émission sur un portrait de «Stéphane Courbit : le grand patron du petit écran». Pourquoi ce choix ?

Jacques CARDOZE

C’est aujourd’hui le n°1 mondial de la production télévisuelle. Il est parti de rien, et nous racontons son essor. Il n’y a pas de chef d’entreprise aussi puissant qui a son profil. On explique son passage chez Christophe Dechavanne, comment il a réussi à convaincre les gens de TF1 de se lancer dans les programmes, sans oublier son association avec Arthur, et comment il a adapté la téléréalité en France. Avec le rachat récent de EndemolShine, il devient ainsi le n°1 mondial du secteur. De plus, Stéphane Courbit produit pour toute la télévision, publique comme privée.