J. MANI (Netino) : «Sur les réseaux sociaux, l’agressivité est monnaie courante à l’encontre des hommes et des femmes de presse»

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Jérémie MANI, Président de Netino

Dans le cadre de la Journée Mondiale de la Liberté de la Presse ce jeudi 3 mai, Dentsu Consulting et Netino publient pour l’ONG «Respect Zone», le 1er Baromètre sur les cyber-violences faites aux journalistes sur les réseaux sociaux. Détails avec Jérémie MANI, Président de Netino.

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Le lynchage ciblé des journalistes et des médias fait-il partie du quotidien des réseaux sociaux ?

Jérémie MANI

Oui, clairement ! D’ailleurs, il y a eu un avant et après élection présidentielle, notamment celle de Donald Trump. Journalistes et médias ont été souvent critiqués pour leur partialité supposée. Derrière cela, un réflexe commun s’est créé : celui de critiquer l’angle du sujet pris par le journaliste ou le média. Les insultes à caractère sexiste sont particulièrement présentes contre les femmes journalistes.

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Quels sont les principaux enseignements de l’étude ?

Jérémie MANI

Notre souhait a été de quantifier le nombre de propos haineux envers la corporation des journalistes et des médias. Près de 1% des commentaires cyber-violents sont recensés par mois à l’encontre des journalistes et de leur média. Cela peut paraître assez minime mais cela représente plusieurs dizaines de milliers de commentaires si l’on extrapole sur 1 mois donné. Ce ne sont pas des chiffres à prendre à la légère. Les propos sont souvent extrêmement virulents, désobligeants voire insultants. Des internautes prennent à partie certains journalistes nominativement.

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La profession de journaliste est-elle l’une des plus visées sur les réseaux sociaux ?

Jérémie MANI

C’est en effet la troisième profession la plus visée, juste derrière les hommes/femmes politiques et les personnalités publiques (acteurs, présentateurs TV, …). Ces dernières peuvent être agressées pour leur physique, leur religion, leur sexualité ou l’ensemble de leur œuvre.

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Les cyber-attaques se transforment-elles en violence ordinaire ?

Jérémie MANI

C’est malheureusement de plus en plus fréquent. Le journaliste n’est plus considéré comme ce personnage neutre qui a vocation à écrire ou publier un reportage. Il est de plus en plus observé comme un éditorialiste. Les haters sont très souvent cachés derrière un pseudonyme sur Facebook. Au lieu de critiquer l’idée, ils vont blâmer le journaliste ou le média.

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La crainte des fake news intensifie-t-elle les cyber-lynchages ?

Jérémie MANI

Certaines personnes n’ont plus confiance en ce qui peut être écrit. On accuse parfois les médias de propager les fake news. Ce sont souvent des accusations en l’air. Dès que l’information ne convient pas, le terme «fake news» devient le propos le plus commun pour décrédibiliser le média.

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Y’a-t-il des réseaux sociaux privilégiés pour les cyber-menaces ?

Jérémie MANI

Difficile de comparer les réseaux sociaux entre eux. Facebook, c’est 30 millions d’utilisateurs en France. Twitter est beaucoup plus segmentant, très consulté par les journalistes, les étudiants et professionnels. On parle de 3 millions d’utilisateurs actifs. De son côté, Instagram est utilisé par des populations assez jeunes sur des sujets beaucoup moins clivants.