Jean-Luc CHETRIT, Président de Carat France

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Avec l’arrivée de nouveaux acteurs dans l’audiovisuel, la télévision est engagée dans une mutation sans précédent. Afin d’évoquer le sujet, média+ s’est entretenu avec Jean-Luc CHETRIT, Président de Carat France et co-auteur du livre «La télévision est morte… Vive ma télévision !».

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Dans votre ouvrage «La télévision est morte… Vive ma télévision !» (Editions SW Télémaque), vous sous-entendez que la TV est à un tournant de son histoire …

Jean-Luc CHETRIT

La télévision est multiple. Aussi diverse que chacun d’entre nous. Avec la mutation radicale des modes de consommation, chacun s’approprie le média. C’est la grande révolution de ces 10 dernières années. La télévision se consomme à la fois ensemble, séparément, sur des écrans connectés, en interagissant mais aussi en étant dans son salon, de manière traditionnelle. La télévision, dont on disait qu’elle isolait l’individu, est un média dont la fonction sociale a été réactivée. A l’avenir, les nouveaux empereurs du secteur sauront organiser et maitriser l’abondance de contenus. Les acteurs de l’audiovisuel qui résisteront à la concurrence auront la capacité de produire et de agréger des contenus très nombreux tout en les recommandant par une approche algorithmique comme le fait Netflix. Après, la question est de savoir si cela aura lieu dans un futur proche ou lointain.

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Comment analysez-vous l’arrivée de Netflix en France ?

Jean-Luc CHETRIT

Très franchement, le contenu disponible sur Netflix en France est extrêmement décevant. Mais en s’abonnant à Netflix US, on peut s’apercevoir de son intérêt. Outre-Atlantique, les films diffusés par la plateforme ont tout juste 1 an. Toutes les grandes séries y sont disponibles. Avec l’arrivée de ce type d’acteurs, le média télévision continuera à jouer son rôle central. En revanche, les chaînes devront se préparer à l’arrivée grandissante des contenus délinéarisés qu’elles ne pourront plus maîtriser.

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Les nouveaux écosystèmes audiovisuels entrainent-t-ils de nouveaux enjeux publicitaires ?

Jean-Luc CHETRIT

Absolument ! Nous sommes passés par une approche de «bombardement massif» de messages, à celle de «frappe chirurgicale», à savoir l’hyper ciblage. L’objectif étant de diffuser le bon message à la bonne personne au bon moment. On ne pouvait pas le faire par l’écran de télévision classique. Mais nous pouvons l’exécuter aujourd’hui par des écrans connectés dans lesquels la nouvelle valeur est celle de l’individualisation. 

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Est-ce justement le positionnement de Carat France, pionnier et leader mondial du conseil média ?

Jean-Luc CHETRIT

Notre métier est devenu celui d’un maître d’œuvre d’écosystèmes efficaces. Nous sommes capables de construire un continuum entre une communication de masse et une communication individuelle. Pour cela, il faut de la data, c’est-à-dire collecter un maximum d’informations, mesurer les écosystèmes et déterminer les points de contacts les plus efficaces. L’idée étant de cibler au mieux le consommateur. Ensuite, il faut miser à la fois sur de nouveaux métiers tels que les «Data Analyst», mais aussi sur de nouveaux talents de marketeurs, d’intégrateurs. C’est autour de la «data» et des «talents» que s’inventent les agences de demain.