La Chine à la conquête du marché du documentaire

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«Si vous avez des projets, n’hésitez pas à venir me voir!», lance Zhao Yinqi, de la chaîne CCTV10. Au marché du film documentaire de La Rochelle, télés et producteurs chinois en plein développement recherchent activement coproductions et programmes à acheter.Invité spécial du «Sunny Side of the Doc», Liu Wen, directeur général de CCTV 9, principale chaîne documentaire en Chine lancée il y a deux ans, traverse les allées entre deux réunions, entouré de photographes chinois. «Mister Liu» est l’un des hommes les plus sollicités de la manifestation. C’est la première fois qu’il se rend au Sunny Side, où sa société est présente pour la troisième année.  CCTV 10, autre chaîne de la télévision d’Etat CCTV, dédiée à la science et la découverte, est également présente, tout comme des chaînes régionales telles que Beijing TV Documentary Channel et une délégation importante de producteurs.   Au total ce sont plus de 60 Chinois qui arpentent les stands du Sunny Side. «Je fais venir des Chinois à Sunny Side depuis sept ans, mais ce n’est réellement que depuis trois ans qu’il y a des chaînes et de l’argent. Et c’est la première année que ces chaînes prennent des stands et viennent en force», explique Yves Jeanneau, commissaire général de la manifestation. «Les Chinois ont décidé depuis quatre ans de s’investir dans le documentaire», poursuit-il. «La Chine est un grand pays avec une classe moyenne évaluée à environ 450 millions de personnes, qui est instruite» et constitue «un public très friand de documentaires». A La Rochelle, les Chinois, intéressés par le savoir-faire occidental, viennent acheter des programmes et chercher des coproductions. «Nous voulons établir plus de contacts avec les producteurs de documentaires européens et les chaînes», souligne M. Liu, dont la chaîne CCTV9 a déjà monté une dizaine de coproductions avec des pays européens, parmi lesquels la Grande-Bretagne et la France. «Depuis le début, nous avons travaillé en relation étroite avec la BBC, mais maintenant nous essayons d’explorer plus d’opportunités pour travailler avec la France», ajoute-t-il. Le groupe CCTV a signé l’an dernier un protocole d’accord avec France Télévisions. Et CCTV9 a notamment cofinancé le documentaire d’Eric Valli, «Yarsagumbu, l’or de l’Himalaya» avec la société de production française Kwanza, avec qui elle développe maintenant une série documentaire sur le vin. «J’ai pris contact avec eux tout au début, ils venaient de monter la chaîne», raconte derrière son stand Benjamin Ternynck, le patron de Kwanza, saluant au passage d’un signe de la main ses amis chinois. «Ce sont des gens capables d’investir beaucoup d’argent sur des gros projets», poursuit-il. «L’idée c’est de faire des documentaires internationaux qui plaisent à de nombreuses chaînes occidentales et qui en même temps accrochent le public chinois». Tout comme Benjamin Ternynck, Fabrice Estève développe actuellement avec sa société Yuzu une coproduction avec la chaîne CCTV10 pour un documentaire sur les origines du Sida. «Avoir un nouveau territoire de cette taille-là qui s’ouvre à des coproductions, c’est une bonne nouvelle pour tout le monde», estime le producteur. Intéressés par le documentaire haut de gamme, mais évitant les sujets aux aspérités politiques, les Chinois comptent parmi leurs thèmes de prédilection la nature, les animaux, la science, l’éducation, la santé, l’art de vivre ou l’histoire.