LCI/ Paris Première : nouvelle fenêtre de tir pour devenir gratuites

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Les chaînes payantes LCI (groupe TF1) et Paris Première (groupe M6) disposeront d’une nouvelle fenêtre de tir pour devenir gratuites, après le vote au Sénat cette semaine d’une loi qui devrait permettre au CSA de faire passer une chaîne du payant au gratuit. Devant le peu de succès de la TNT payante, délaissée par le public au profit des 25 chaînes gratuites, TF1 comme M6 envisagent cette option depuis plusieurs années. Ils avaient déjà réclamé le passage de ces chaînes en gratuit fin 2011, mais le CSA avait alors refusé. Pour l’instant, LCI et Paris Première sont accessibles aux abonnés du câble, du satellite et de l’ADSL, parfois sur les bouquets de base, parfois sur un bouquet additionnel, au choix des opérateurs. Quant aux 60% de Français qui reçoivent la télé par TNT gratuite, ils doivent pour les recevoir souscrire à des bouquets payants, comme celui de CanalSat (groupe Canal+). Passer sur la TNT gratuite leur permettrait de toucher toute la population mais coûtera cher en frais de diffusion, en recherche d’annonceurs et en marketing. Et elles perdront les redevances que leur versent leurs distributeurs, en tête CanalSat. Mais le modèle gratuit est devenu une question de survie pour LCI, chaîne déficitaire qui, selon la dernière mesure semestrielle, stagne à 0,2% de pda, concurrencée par les deux chaînes gratuites i-Télé (0,7% en août) et BFMTV (2% en août, groupe NextRadioTV). Le PDG de TF1 Nonce Paolini a averti lundi que, si LCI ne pouvait pas devenir gratuite, le groupe devra la fermer. «La gratuité est la seule voie d’avenir pour LCI», a-t-il expliqué lundi devant quelques journalistes. A la question de savoir si le groupe devra fermer la chaîne en cas de non-passage au gratuit, il a répondu «oui». «Il y a la place pour 3 chaînes d’info gratuites en France, je ne vois pas pourquoi ce duopole», a-t-il lancé. «Si la loi est votée (…) il faudra travailler pour persuader le CSA. Il n’est pas sûr qu’on gagne», a-t-il ajouté. Créée en 1994, la pionnière des chaînes d’info reste connue mais à peine visible. Fin 2012, sa matinale ne rassemblait que 14 000 téléspectateurs contre 450 000 sur BFMTV. LCI, qui compte 200 salariés dont 100 journalistes, est en déficit chronique. La chaîne a affiché un déficit d’exploitation d’environ 7 millions d’euros en 2012, et perdu en 2011 son contrat de diffusion exclusive avec CanalSat, qui lui versait alors 15 millions par an, et qui ne lui en verse plus que 7 millions. Prudemment, TF1 a opéré un rapprochement avec la rédaction de TF1: les journalistes de LCI dépendent  de la même direction et travaillent pour les 2 chaînes. C’est en cédant aux arguments de TF1 que l’Assemblée a introduit et voté en juillet l’amendement qui permettra au CSA de décider de la gratuité des chaînes payantes, selon des sénateurs. Avant tout feu vert, le Conseil devra cependant faire réaliser une étude d’impact. Inquiets, Canal+ et NextRadioTV organisent depuis juillet un tir de barrage contre une LCI gratuite. Leur argument : elle mettrait leurs chaînes d’info en continu dans le rouge. «Il n’y a pas de place pour 3 chaînes d’info gratuites en France», a affirmé fin août Alain Weill, PDG de NextRadioTV. Les 2 groupes ont commandité une étude au cabinet BearingPoint selon laquelle, si LCI  devenait gratuite, elle serait en lourde perte de 23 millions la 1ère année et entrainerait dans le rouge i-Télé, actuellement à l’équilibre, tout comme BFMTV, pour l’instant bénéficiaire. Pour la chaîne de divertissements Paris Première, légèrement bénéficiaire, la situation est moins tendue mais fragile, malgré ses 26 ans d’existence. Rachetée en 2004 par M6, elle n’a que peu de coûts de structure car elle s’appuie sur le groupe M6. Mais sa pda n’atteint que 0,6%.