Les feuilletons télé sud-coréens ont pour nouveaux héros les réfugiés nord-coréens

369

Pour le téléspectateur sud-coréen, le Nord-Coréen était jusqu’à présent un monstre froid, un espion infiltré pour saboter le voisin capitaliste. Aujourd’hui, les séries télévisées le montrent comme un réfugié politique traumatisé par la répression communiste et luttant pour s’intégrer dans un monde nouveau. C’est par la télévision que les Coréens de Sud se font une idée de leurs voisins du Nord: courrier et liaisons téléphoniques sont interdits depuis le conflit (1950-1953) qui a séparé la péninsule en 2 pays officiellement toujours en guerre. L’image qu’ils en ont se résume souvent aux images d’actualités effrayantes diffusées par les journaux tv: des présentateurs qui menacent Séoul d’un «déluge de flammes», des parades militaires, et la très secrète dynastie des Kim au pouvoir. Mais une évolution se dessine depuis très récemment. L’agent secret envoyé par le Nord, qui peuple les films sud-coréens depuis des décennies, était immanquablement, jusqu’à peu, un robot cruel et sans scrupule. Plusieurs films le dépeignent désormais de manière moins caricaturale et voient en lui un homme d’action, déchiré, voire sympathique, dont les fêlures reflètent celles de la péninsule coréenne. La télévision, plus conservatrice, suit lentement. Mais ses feuilletons ultra populaires, gourmands en rebondissements, ont découvert dans les personnages nord-coréens des possibilités infinies de dramatisation. Depuis 1953, quelque 25.000 Nord-Coréens sont passés au Sud. Pour beaucoup, la liberté s’est achetée au prix fort: la culpabilité de laisser des proches derrière et la sensation d’être un étranger de 2de zone dans un pays hyper compétitif, si différent de la terre natale.