Les médias misent sur le décodage face aux rumeurs

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Habitants du 9-3 déplacés dans les campagnes, des millions d’euros de mobilier national détruit par Valérie Trierweiler ou l’éternel retour de la vignette auto : face aux rumeurs, manipulations et fausses informations, les médias, comme «Le Monde» et RTL ce lundi, développent des formats de décodage. 

Si potins, on-dit et mystifications ont toujours existé, ils sont désormais portés par la vitesse de propagation des réseaux sociaux, formidables caisses de résonance pour le meilleur mais aussi pour le pire. Le web permet aux mouvements ultra-minoritaires, sectaires ou adeptes de la théorie du complot de devenir des médias à part entière qui produisent et diffusent à des milliers de personnes leur «vérité», accusant, en retour, les vrais médias de propagande ou de désinformation.  Fin janvier, quelques jours après les révélations de «Closer» sur la liaison de François Hollande avec l’actrice Julie Gayet, une fausse rumeur s’est rapidement propagée. Valérie Trierweiler, alors compagne officielle du chef de l’Etat aurait, au cours d’une violente dispute, détruit pour plusieurs millions d’euros de mobilier national à l’Elysée. Le Mobilier national, service en charge de l’ameublement du Palais de l’Elysée, a été contraint de la démentir sur son compte Facebook. Depuis quelques années, des formats de «décodage» ont vu le jour dans les médias français, comme le Lab d’Europe 1 ou la rubrique «Désintox» de «Libération». «Le Monde» et RTL développent lundi ce type de journalisme. «Il y a une perte de crédibilité des journalistes qui va de pair avec une montée des moyens d’information qui font, qu’aujourd’hui, n’importe qui peut être un média. Cela pose des questions pour la démocratie», explique Samuel Laurent, 34 ans, qui dirige l’équipe des «Décodeurs», ancien blog du site internet du «Monde» qui devient, à partir de lundi, une rubrique à part entière. Les Décodeurs seront spécialisés dans les contenus pédagogiques, la vérification des faits (fact checking), leur contextualisation, le traitement des données et leur mise en scène visuelle (datajournalisme). La rubrique sera déclinée du tweet à l’enquête au long cours, des réseaux sociaux au journal papier en passant par le site, et adoptera les formats du web conçus pour être partagés sur le web (gifs animés, images, vidéos, contenus interactifs…). 

Ces formats web seront au service d’une information fiable sur des sujets de fond car, désormais, «internet fait l’agenda médiatique», estime Samuel Laurent, selon qui, il est important pour les journalistes de sortir de ce «carcan de l’écrit».  «On a une culture de journalistes qui commencent à s’intéresser au code informatique, à qui ça ne fait pas peur d’ouvrir un tableur et de trafiquer 3 bouts de HTML (langage de programmation) pour faire un graphique. Sans parler des outils du web qui nous permettent de raconter les choses de manière assez novatrice et efficace», détaille-t-il. 

RTL de son côté, a lancé également lundi «Le décodeur politique» qui sera pérennisé après les municipales.  Les internautes ont, via Twitter, la possibilité d’interpeller la rédaction de RTL qui répond par un décryptage en vidéo de 1’30’’.